"J'ai gardé les mains menottées 45 jours": des médecins de Gaza accusent l'armée israélienne d'arrestations arbitraires

Des médecins de la bande de Gaza disent avoir été arrêtés par l'armée israélienne sans explication et avoir subi des violences en détention. L'armée israélienne assure de son côté que les interpellations ne visent que des membres du Hamas ou proches du Hamas.

Un homme encore profondément marqué. Saïd Maarouf, pédiatre palestinien depuis 23 ans, affirme avoir été placé en détention par l'armée israélienne et avoir subi des actes de violence. BFMTV a recueilli son témoignage.

Le médecin assure avoir été arrêté par des soldats israéliens alors qu'il se trouvait dans son hôpital, situé dans la bande de Gaza. Une demi-douzaine de ses collègues ont, dit-il, subi le même sort.

"Mes jambes ne pouvaient plus me porter", confie-t-il à notre micro.

"J'ai gardé les mains menottées 45 jours, j'en garde des séquelles", ajoute-t-il, montrant ses poignets à notre caméra.

Arrêté sans explication

Depuis, plus de trois mois se sont écoulés et Saïd Maarouf a repris son travail dans un nouvel hôpital. Il estime se douter des raisons de son arrestation, même si rien ne lui a été dit.

"J'ai compris au bout d'un mois que c'était parce que j'étais médecin. Je n'ai aucun lien avec le Hamas ou aucune personne connectée avec le Hamas", assure-t-il.

Ce type de témoignage, à visage découvert, est rare. La plupart des médecins préfèrent témoigner de façon anonyme, comme ce médecin de l'hôpital indonésien de la bande de Gaza.

"Ils tiraient constamment avec leurs armes pendant les interrogatoires, à nous demander ce que nous savions (des attaques du Hamas) du 7 octobre, à qui nous rendions nos services, où étaient les terroristes, où étaient les otages", racontait-il depuis l'hôpital Kamal Edwan, à Jabaliya, le 29 février dernier.

Une dizaine de témoignages selon Amnesty international

Impossible actuellement de vérifier la véracité de ces témoignages, alors qu'aucun observateur international n'est présent sur place, l'enclave palestinienne étant fermée.

L'ONG Amnesty international dit cependant de son côté avoir collecté une dizaine de témoignages allant dans ce sens. "Ils n'ont pas pour l'instant fait l'objet de poursuites judiciaires. Il n'y a pas eu de procès, il n'y pas eu de défense. Les autorités israéliennes n'ont donné aucune information", indique à BFMTV Donatella Rovera, enquêtrice pour l'organisation internationale.

L'armée israélienne confirme de son côté des arrestations, mais soutient qu'elles ne visent que des sympathisants, voire des membres du Hamas. "Nous savons que le Hamas utilise des hôpitaux comme base terroriste", soutient à BFMTV Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne.

En novembre dernier, l'armée israélienne avait investi l'hôpital al-Chifa de Gaza, où selon elle le Hamas a installé un QG militaire, et avait fait évacuer la quasi-totalité des lieux.

Article original publié sur BFMTV.com

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