J’ai enseigné en maternelle, voici pourquoi ces années sont primordiales pour vos enfants

Enfants jouant à l’école
Shutterstock Enfants jouant à l’école

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Observez un enfant jouer et vous verrez que c’est loin d’être un acte anodin ! Il développe son imaginaire, échange avec les autres, réfléchit, agit…un vrai travail !

ECOLE - Depuis 2 ans à la retraite, j’ai exercé avec enthousiasme cette profession dans différents niveaux et configurations au fil des années : section pure, sections multiples en maternelle et élémentaire, classe unique, auprès d’enfants IMC, en prison auprès d’adultes, en hôpital, dans les DOM… J’ai donc pratiqué des profils de postes bien différents !

J’ai terminé ma carrière, les dix dernières années, dans une petite école du centre-ville de Lyon en maternelle en tant qu’enseignante puis en tant que directrice et enseignante à plein temps.

La relation famille-école

L’univers de la maternelle est bien spécifique et la relation aux parents, du fait du jeune âge des enfants, est très présente au quotidien.

Il est très important selon moi d’être toujours accueillant, souriant, disponible, sans jugement quant aux différents « profils » de chaque famille. Sauf bien sûr si la vie de l’enfant est susceptible d’être mise en danger.

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Ayant toujours présent à l‘esprit cette attitude à adopter, j’ai eu dans la grande majorité des cas de très bonnes relations avec celles-ci.

  • Certaines familles sont méfiantes à l’égard de l’école, beaucoup de parents gardent de très mauvais souvenirs de leur propre scolarité et légitimement créent une relation méfiante, voire agressive avec l’enseignant de leur petit. Savoir les écouter, les rassurer, parler beaucoup avec eux, montrer aussi par des actes que l’école maternelle peut s’adapter à leur demande dans beaucoup de cas…

  • D’autres familles considèrent l’école maternelle comme une garderie, à nous aussi de leur faire comprendre que cela n’a rien à voir !

Faire des réunions chaque période, des blogs, des cahiers de vie expliquant le déroulement évolutif d’une journée de classe, les différents projets mis en place, leur réalisation, à l’aide de vidéos, de photos montrant les enfants « au travail », expliquer individuellement à un parent les acquis de son enfant au fur et à mesure pour lui faire sentir l’importance de l’évolution et les conséquences futures pour sa vie d’écolier…

Bref, agir par tous les moyens pour faire comprendre l’importance de ces premières années et cela avec le sourire, l’enthousiasme et la conviction qui nous animent.

  • D’autres parents recherchent dans l’école une aide à leurs difficultés éducatives, manquant de repères, étant plein de doutes dans leur rôle de parents. Nous devons les écouter, s’appuyer sur les points positifs qu’ils évoquent pour les rassurer et ne pas créer plus de détresse. Et ensuite on peut suggérer quelques façons de faire pour les aider. Par exemple, nombre de parents sont débordés par leur enfant, ayant peur de mettre en place des règles. Les rassurer en leur disant qu’un « non » fait du bien au petit, que ça peut le rassurer. Le cadre à mettre en place est toujours positif et ce n’est pas pour cela que l’enfant ne les aimera plus !

Cette posture dans la plupart des situations, modifie très positivement la relation famille/école.

Bien sûr, pour certains problèmes évoqués par les parents il faut aussi savoir dire que ce n’est pas de notre compétence et qu’il faut aller en parler au médecin, à un thérapeute…

L’importance de la maternelle

Que fait-on en maternelle ?

Beaucoup de choses posant des bases primordiales, en voici quelques-unes :

  • La socialisation : apprendre peu à peu à considérer l’autre et non plus que sa propre personne ; apprendre à vivre en groupe.

  • Le respect d’autrui : comprendre que les règles de vie communes sont incontournables et les intégrer petit à petit.

  • Le partage : savoir porter attention à un autre enfant, accepter de faire une activité commune, partager un jeu.

  • L’écoute : apprendre à se concentrer sur une tache, à écouter la consigne ou les consignes données.

  • Le langage oral : développer, au travers de multiples situations proposées, son vocabulaire, affiner son lexique et par conséquent sa pensée. Un enfant qui acquiert un grand nombre de mots n’a plus besoin ou moins besoin de passer par l’acte violent pour s’exprimer, se faire entendre. Il apprend ainsi à se faire respecter dans une communication non violente et à argumenter.

  • L’ouverture au monde : au travers de divers projets inconnus de lui jusqu’alors, l’enfant éveille et développe son appétit de découverte.

  • La persévérance : apprendre à mener à bien une tâche donnée, à ne pas démissionner à la première difficulté rencontrée.

  • L’entraide : savoir aussi demander de l’aide à l’adulte ou à un autre enfant est important en cas de difficulté. Savoir partager son savoir à l’inverse est aussi important. Une vraie collaboration !

Tous ces « savoirs » fondamentaux pour l’élève qu’il devient et le futur adulte qu’il construit peu à peu, se font au travers de diverses activités :

  • Le jeu en solitaire ou à plusieurs. Observez un enfant jouer et vous verrez que c’est loin d’être un acte anodin ! Il développe son imaginaire, échange avec les autres, réfléchit, agit… Un vrai travail !

  • Des manipulations : un enfant passe beaucoup par les sens dans son processus d’apprentissage : regarder, sentir, écouter, toucher sont des préalables fondateurs à tout apprentissage. Ce n’est qu’ensuite qu’il peut « conceptualiser » peu à peu une notion.

  • L’expérimentation : en maternelle, on propose des ateliers variés où l’enfant procède par essais/erreurs successifs et construit ainsi beaucoup de compétences. Ne pas réussir à tout coup est source de progrès et de confiance en soi. On apprend comme cela tout au long de notre vie.

  • Le conte, le chant : il permet à l’enfant d’enrichir son vocabulaire, de développer son imaginaire, de se trouver indirectement confronter à des situations inhabituelles et quelquefois difficiles sans se mettre en danger.

  • L’activité physique : jeux collectifs, manipulation de matériel, lutte, course, parcours d’obstacles, danse, mime… Tout cela contribue à permettre à l’enfant de maîtriser, éprouver, développer ses capacités physiques, à apprendre à coordonner les sens, le corps, à prendre conscience de toutes ses possibilités, à augmenter sa confiance en lui, à interagir avec les autres.

  • Des projets scientifiques, culturels mis en place sur une longue période : ceux-ci fédèrent l’esprit de groupe autour d’un projet commun (le cycle de l’eau, des plantations, lecture d’œuvres picturales, connaissance d’autres civilisations, appropriation d’une œuvre musicale… etc.). Ces projets « tirent aussi les enfants vers le haut » . On n’est pas obligé avec de jeunes enfants de se cantonner « aux histoires de petites souris ou de gros éléphants » . Un enfant de 4 /5 ans n’a pas d’a priori : vous lui présentez un dessin animé de W. Disney ou « la Flûte Enchantée » de Mozart, des œuvres de Picasso lui procurent autant de plaisir et d’appétit de découverte. Durant ces dernières années je n’ai monté que des projets artistiques ou scientifiques, les enfants étaient tous partants et motivé.

Ces quelques activités évoquées sont source de plaisir, de découvertes pour lui, et ce n’est pas rien !

Ce parcours de trois années en maternelle, marquant le départ d’un cursus scolaire de plusieurs années n’est donc pas à négliger…

Certaines familles sont enclines à le considérer comme anecdotique : « Pff, ils ne font que jouer !  » ou « il a bien le temps, il est trop petit ! ».

Il est important que les parents soient conscients de l’intérêt, de l’ouverture que propose la maternelle sans pour autant se sentir mis sous pression : « Mon enfant doit réussir à tout prix ce parcours d’obstacles ! »

Cela ne se pense pas du tout en ces termes.

Chacun de nous est différent avec un cheminement cognitif, sensoriel, mental qui lui est propre ; il en est de même pour les petits.

Quelques maîtres-mots

Ce que je suggère de garder en mémoire quand on est parent :

  • Confiance en votre enfant, confiance en l’enseignant.

  • Intérêt pour la vie de la classe et de ses apprentissages.

  • Attention et dialogue portés au ressenti de votre enfant.

  • Joie de voir votre enfant évoluer peu à peu vers sa propre vie.

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