J’aime une femme mariée, je suis l’amant du placard, un cliché que j’assume

Mains entrelacées
Guillaume D. Mains entrelacées

VIE DE COUPLE - « J’aime une femme mariée ». Posée comme cela lors d’une soirée entre amis, cette phrase possède la particularité de relancer n’importe quelle conversation et de déchaîner les passions.

J’écris en connaissance de cause.

Cette phrase, je la place parfois lorsque je suis sûr que les murs n’ont pas d’oreilles et que je ressens le besoin irrépressible de me confier. Car ce terrible secret, ennemi intime de la morale, est parfois bien difficile à porter. Et il est mon quotidien.

Situation amoureuse : c’est compliqué

Moi divorcé depuis trois ans et seul. Elle en couple depuis vingt et malheureuse. Voisins, puis amis, nous nous voyions souvent. Au début une fois par mois pour boire une bière et refaire le monde. Puis toutes les semaines plus ou moins discrètement pour parler de nos vies de solitude. Jusqu’à ce fameux soir où l’évidence de notre relation nous fit nous embrasser.

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Je n’ai rien vu arriver. Ou plutôt si, mais je m’étais bien évidemment défendu d’y penser.

Pas vraiment adepte des « relations compliquées » depuis mon divorce, sortir avec une femme mariée était tout sauf une option. Mais dans son cas à elle, il ne s’agissait pas de sortir, et l’option n’en était pas une, car avant que je puisse comprendre ce qui m’arrivait, j’étais amoureux d’elle. Follement. Profondément. Aussi fort que dans une comédie romantique des années 90 avec Tom Hanks et Meg Ryan.

La preuve qu’à l’approche de la cinquantaine, on peut toujours se sentir comme un adolescent transi, quand bien même on pensait cette possibilité n’être plus qu’un vague reflet dans notre rétroviseur.

La douleur de l’amour

Cela fait un an.

Elle vit toujours avec son futur ex-mari et prépare doucement mais sûrement sa séparation. La route est longue, car un divorce est fastidieux. Et douloureux. Autant pour celle ou celui qui est quitté que pour l’autre qui doit faire face à un choix qui engagera sa vie entière, celle de l’être jadis aimé et celle de ses enfants.

Je suis bien placé pour le savoir. Et donc pour le comprendre.

Nous nous voyons en cachette des habitants du petit village dans lequel nous habitons. Comme dans un mauvais vaudeville, je suis celui que je m’étais pourtant juré de ne jamais être : l’amant dans le placard. Le cinq à sept dont on ne peut pas parler. Un véritable cliché dont j’assume l’aspect presque grotesque.

La culpabilité ? Je n’en éprouve étrangement aucune. Peut-être cela fait-il de moi le dernier des salopards. Mais existe-t-il quelqu’un de plus égoïste qu’une personne amoureuse ? La morale a beau me tourner le dos, je lui regarde la nuque en m’excusant tout juste du bout des lèvres.

Les clichés de la relation cachée

Une histoire d’Amour cachée n’a rien de glamour. « Ça doit être excitant », entends-je parfois dans la bouche de celles et ceux qui rêvent d’extra-conjugalité sans oser y goûter (grand bien leur en fasse). Ce n’est pas le cas nous concernant. Car l’absence, le manque de l’autre, tout juste comblé par des parenthèses fussent-elles enchantées, possède un poids qui nous écrase.

Combien de journées à attendre ? De nuits à se retourner seul dans son lit ? Et de doutes qui s’immiscent dans notre esprit sans crier gare.

Suis-je le pansement d’une relation en fin de vie ? Le quittera-t-elle réellement ? Est-ce que je n’espère pas ce qui se révélera au final n’être qu’un mirage à l’eau de rose ? Un rêve doré mais toutefois sans issue ?

Un cliché, vous dis-je.

Mais ces questions trouvent pourtant toujours leur réponse lorsque je la vois, que nos mains et nos lèvres se joignent tendrement, et que nos cœurs battent à l’unisson.

Quand on ne peut voir l’être aimé que trop peu souvent, on finit par jalouser ces couples qui dînent en partageant leur journée le soir venu et s’endorment ensemble à la nuit tombée. Se rendent-ils compte du luxe duquel ils jouissent ? De la chance inouïe de pouvoir VIVRE avec la personne que l’on chérit ?

Le bonheur des petits bonheurs simples mais partagés

Malgré sa clandestinité, notre Amour grandit pourtant de jour en jour. Et notre futur est devenu la plus belle des promesses. Une promesse faite de petits riens. De détails qui donnent à la vie de couple cette formidable énergie et qui fait qu’elle mérite d’être vécue. Nous retrouver ensemble devant un bon film sur un canapé moelleux, nous évader le temps d’un week-end au bord d’une plage caressée par les vagues, partager un verre de vin en nous racontant nos journées de travail… Un quotidien pour les autres, parfois même ronflant. Une douce utopie pour nous.

Aimer une femme mariée est une promesse malgré la douleur de l’absence. Mais aussi la certitude que le meilleur est à venir.

Car lorsque le manque est trop grand, je me dis qu’alors que certains avançant en âge baissent les bras et tournent le dos à leur bonheur à grands coups d’ « il est trop tard », le futur lumineux qui nous attend, et pour lequel il nous faut patienter à la force du cœur, est le plus beau des cadeaux.

Et la morale, dans tout cela ? Eh bien je lui souhaite elle aussi un jour de connaître l’Amour.

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