IVG dans la Constitution : ces élus évoquent les « pressions familiales » avant le vote au Sénat

Le Sénat va se prononcer sur l’inscription de l’accès à l’IVG dans la Constitution, une révision promise par Emmanuel Macron et soutenue par la gauche.

Débats de chambre. Les sénateurs sont appelés à se prononcer, ce mercredi 28 février, sur l’inscription de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Une révision promise par Emmanuel Macron, soutenue par la gauche, mais qui pourrait se heurter à la réticence des élus Les Républicains à la Haute Assemblée.

L’inscription de l’IVG dans la Constitution risque bien d’être retardée par cet amendement LR au Sénat

Leur chef de file Bruno Retailleau, comme le président du Sénat Gérard Larcher, estime effectivement que ce droit n’est pas menacé aujourd’hui en France et qu’il n’est pas nécessaire, donc, de l’inscrire dans le texte fondamental. Il n’empêche, plusieurs responsables de droite, hostiles au départ, expliquent eux avoir changé d’avis.

Certains évoquent notamment des discussions familiales et des arguments invoqués par les femmes de leur entourage. De quoi entretenir le suspense avant ce vote crucial et sa possible validation en Congrès quelques jours plus tard.

« Être du bon côté de l’histoire »

C’est le cas par exemple du sénateur Les Républicains Thierry Meignen, qui a « évolué au contact de très proches » et qui profitera donc de la liberté de vote accordée par Bruno Retailleau (LR) et Hervé Marseille (centristes), les présidents de groupe de la majorité sénatoriale, tous deux opposés au texte.

L’élu de Seine-Saint-Denis explique au Parisien avoir « été interpellé par (sa) compagne mais aussi par (ses) neveux, nièces, belles-filles… Tous les âges étaient représentés. » Parce que « cette constitutionnalisation est importante pour eux », et parce qu’il « préfère être du bon côté de l’histoire (...) plutôt que d’être mal compris en étant catalogué parmi les anti-avortement », il votera avec la gauche et le camp présidentiel ce mercredi.

D’autres, plus discrets, sont dans la même situation et reconnaissent en privé qu’ils ne s’opposeront pas au texte. Les sénateurs « ont eu des pressions plus ou moins amicales, plus ou moins familiales », confirmait ainsi la rapporteure (LR) du projet Agnès Canayer, mardi matin sur France Inter, expliquant avoir elle aussi été interpellée par ses enfants : « Ils m’ont dit juridiquement tu as raison, politiquement et socialement ce n’est pas entendable. »

Une tendance que confirme la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, en pointe sur le sujet. Pour elle, les défenseurs du texte ont réussi à rendre le débat visible et important « dans l’entièreté de la société » et donc auprès des proches des sénateurs, « leur épouse, leur petite-fille, leur nièce. » « Un certain nombre de collègues ont changé d’opinion en discutant avec les personnes de leur entourage », a-t-elle souligné sur franceinfo, quelques heures avant le vote, en insistant sur « un signe » selon elle « de vivacité de la démocratie. »

Un Congrès le 4 mars ?

Dans ce contexte, alors que l’inscription de l’accès à l’IVG dans la Constitution est soutenue par une écrasante majorité de Français, Xavier Bertrand, le président LR de la région Hauts-de-France appelle ses collègues à « respecter la voix des femmes » en « sanctuarisant » ce droit à l’avortement. « Ce que me disent de nombreuses femmes, c’est un cri profondément sincère », a-t-il lancé ce mercredi franceinfo.

De quoi faire bouger les lignes au Palais du Luxembourg ? Malgré ces différentes prises de parole, le vote reste incertain, le président du groupe Les Républicains continue de dire son hostilité au texte du gouvernement. « Il n’y a pas de menace qui pèse sur l’avortement en France », insiste Bruno Retailleau auprès de l’AFP ce mercredi en pestant également contre un « gouvernement » qui « impose un calendrier au mépris du débat parlementaire. »

Le chef de l’État avait envisagé de réunir le Congrès le 4 mars, ce qui impliquait un vote du Sénat sans modification par rapport à la version adoptée par l’Assemblée… Rien de pire pour froisser la droite sénatoriale. Depuis, l’exécutif reste muet sur l’agenda, même si la ministre des Relations avec le Parlement Marie Lebec a reconnu mercredi sur franceinfo qu’il pourrait être organisé « dans les prochains jours » en cas de « vote conforme ».

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