En Italie, la Une de « Grazia » avec Giorgia Meloni ne passe pas

Giorgia Meloni, ici en couverture du numéro du mois de mars de « Grazia », en Italie.
Giorgia Meloni, ici en couverture du numéro du mois de mars de « Grazia », en Italie.

MÉDIAS - Une victoire de plus pour la dirigeante d’extrême droite italienne ? Pas pour les lecteurs et lectrices de Grazia. Depuis qu’elle a été dévoilée sur les réseaux sociaux, ce mercredi 1er mars, la dernière couverture de l’édition italienne du magazine féminin ne passe pas. En cause, sa « cover girl » du mois de mars : Giorgia Meloni.

La cheffe du gouvernement, à la tête du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, pose tout sourire, les cheveux attachés en arrière et une paire de grosses boucles d’oreilles assorties au fond bleu. Le magazine titre : « Femmes, libérons notre pouvoir. »

Un entretien « exclusif » avec la femme politique, nous dit l’hebdomadaire en légende, est à retrouver dans les pages intérieures. Il a été pensé avec la rédactrice en chef Silvia Grilli (à la tête de Grazia depuis 2012), à l’approche du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. L’occasion pour Giorgia Meloni, continue la légende, de donner son avis sur l’avortement, « l’idéologie du genre », la gestation pour autrui ou sa conviction que « chaque fille et chaque garçon ont le droit d’avoir une mère et un père ».

Celle qui, à l’issue de son élection en septembre à la tête du pays, a assuré ne pas vouloir « abolir ou modifier la loi 194 », c’est-à-dire la loi de 1978 qui légalise l’avortement en Italie, revendique toutefois une politique nataliste, alors même que mettre un terme à une grossesse relève du parcours de la combattante, nous rappelle le magazine ELLE.

Chrétienne conservatrice, ayant notamment pour devise « Dieu, patrie, famille », Giorgia Meloni est contre l’adoption pour les couples queer. Elle s’est aussi longtemps opposée à ce que les violences contre les personnes LGBT + soient considérées comme des crimes de haine. Enfin, elle milite contre l’élargissement des droits aux personnes trans, non-binaires et intersexes, souligne Pink News.

« De la pure propagande »

« Cette couverture et ce post sont de la pure propagande d’extrême droite, dénonce un critique de films du nom d’Attilio Palmieri dans les commentaires de la publication Instagram. Utiliser la Journée internationale des droits des femmes, qui a toujours été consacrée à l’élimination des inégalités entre les sexes […], pour servir de caisse de résonance à ceux qui s’y opposent est vraiment embarrassant. »

« Peut-être la signification de cette date vous échappe-t-elle », ironise l’autrice Carlotta Vagnoli. La Une du magazine féminin scandalise. « DISGRAZIA », écrit en lettres majuscules l’écrivaine et podcasteuse Tea Hacic-Vlahovic. « Ayez la décence de donner la parole à ceux qui pensent différemment de vous. Sinon, ne faites pas du journalisme, faites de la propagande », s’insurge à son tour le compte @papaperscelta, un profil suivi par 280 000 abonnés et tenu par deux papas gays.

Le magazine Grazia est né en Italie en 1938. Spécialisé dans la mode, la beauté et les people, il fait partie du groupe Arnoldo Mondadori Editore, groupe de médias appartenant à l’ex-chef d’État italien conservateur Silvio Berlusconi. La maison a, elle, été fondée en 1907 par Arnoldo Mondadori, connu pour avoir été, pendant la période fasciste, un allié de Mussolini dans la « diffusion » de la culture italienne à travers le pays.

Le dernier numéro de Grazia consacré à Giorgia Meloni paraît alors que cette dernière a été confortée à son poste par le résultat des dernières élections régionales, en remportant notamment les deux régions les plus peuplées de la péninsule, la Lombardie, autour de Milan, poumon économique du pays, et le Latium, région de la capitale Rome.

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