Israël : le Parlement a adopté une mesure clé de la réforme judiciaire controversée
Le Parlement israélien a voté lundi une mesure clé de la réforme judiciaire controversée visant à limiter la possibilité pour la Cour suprême d'invalider une décision du gouvernement.
Cette mesure a été approuvée par les 64 élus de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, tandis que les élus de l'opposition ont boycotté le vote.
La séance a commencé après un débat de plus de 24 heures sur une mesure de la réforme visant à annuler la possibilité pour la justice israélienne de se prononcer sur le "caractère raisonnable" des décisions du gouvernement.
Il s'agit de la première composante majeure du projet à devenir une loi.
La session s'est ouverte à la mi-journée en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, âgé de 73 ans, qui avait un peu plus tôt quitté l'hôpital où il avait été admis dimanche pour la pose d'un stimulateur cardiaque.
Le président israélien Isaac Herzog, qui mène des tractations de dernière minute pour parvenir à un compromis entre l'opposition et le gouvernement, a évoqué "une urgence nationale".
Selon le gouvernement, qui comprend des partis juifs ultra-orthodoxes et d'extrême droite, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement.
Ses détracteurs estiment qu'elle risque d'ouvrir la voie à une dérive antidémocratique ou autoritaire.
Une source de division et de contestation
La contestation populaire, qui rassemble chaque semaine depuis janvier des dizaines de milliers de manifestants, s'est intensifiée à l'approche de ce vote.
Lundi, la police a fait usage de canons à eau pour disperser des centaines de personnes qui bloquaient l'entrée du Parlement à Jérusalem.
A l'origine du projet, le ministre de la Justice Yariv Levin a déclaré que le texte avait subi des modifications pour tenir compte des critiques.
Les détracteurs du Premier ministre, en procès pour corruption, l'accusent de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel jugement à son encontre.
"Aujourd'hui, la première loi qui va commencer à renverser la démocratie israélienne passera probablement (au Parlement)", a déclaré Shahaf Kushinsky, 34 ans, employé dans le secteur de la haute technologie venu manifester près du Parlement.
"Cela donnera au gouvernement un pouvoir illimité. C'est la porte d'entrée d'une dictature et c'est pourquoi nous sommes ici, nous nous battons pour notre démocratie."
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Au Parlement, le chef de l'opposition, Yair Lapid, avait appelé dimanche à "stopper la législation"sur cette réforme. "Nous voulons continuer de vivre dans un Etat juif et démocratique".
Autre figure de l'opposition, l'ancien ministre de la Défense, Benny Gantz, a appelé au dialogue, estimant "qu'on peut arriver à un accord mais nous devons arrêter" la législation sur cette mesure.
D'autres dispositions provoquent aussi le mécontentement, comme celle modifiant le processus de nomination des juges, déjà adoptée par les députés en première lecture.
Les manifestations ont attiré des Israéliens de tous les horizons politiques et sociaux, laïques ou religieux, militants pacifistes, cols bleus ou travailleurs du secteur de la technologie mais aussi des réservistes de l'armée, dans un contexte de montée des violences israélo-palestiniennes.