En Islande, des défunts encore très actifs

En Islande, le décès inaugure une autre forme de dialogue entre vivants et morts.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°211 daté octobre/ décembre 2022.

En Islande, le trépas ne signe pas la fin des relations familiales, mais inaugure une autre forme de dialogue entre vivants et morts via des rêves, des apparitions, des prières collectives ou des pratiques médiumniques.

Un refoulement des morts qui n'a pas opéré en Islande

"Jusqu'au Moyen Âge, on communiquait avec les morts dans toute l'Europe, rappelle Christophe Pons, anthropologue au CNRS. Le christianisme a contrarié ce commerce en inventant le purgatoire et les limbes, afin de faire des revenants des âmes en attente de jugement, qui n'avaient donc plus de place sur terre. Ce refoulement des morts du monde terrestre n'a pas opéré en Islande. Sa géographie a tenu le pays en marge des préoccupations du Vatican."

"Une ancestralité générique que l'on va domestiquer"

Les sagas, qui relatent des faits du 10e siècle, témoignent de ces liens d'outre-tombe. Aujourd'hui, les défunts se manifestent lors des décès et des naissances. "Même s'ils sont individualistes, les Islandais se considèrent comme le produit de toute une ascendance", poursuit le chercheur. Ainsi, ils disposent d'un an pour donner un prénom à un enfant.

"C'est un temps de latence où, sans parler de réincarnation, quelque chose transite, une ancestralité générique que l'on va domestiquer." D'ailleurs, les morts suggèrent souvent un prénom en rêve. Si ce commerce avec l'invisible est d'abord une affaire de famille, le pays a aussi convoqué d'augustes fantômes sur la scène politique pour le guider vers l'indépendance au début du 20e siècle.

Par Marie-Amélie Carpio

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