Isabelle Adjani : «Salman Rushdie a survécu et avec lui, la faculté de notre pensée»

L'actrice avait lu des extraits des «Versets sataniques» sur la scène des César. Pour Paris Match, elle réagit à l'annonce de son agression.

Quand j’ai appris la terrible nouvelle de l’agression de Salman Rushdie , j’étais au Festival de Lacoste dans le Luberon pour jouer sur scène «Le vertige Marilyn». Face au drame, mon premier réflexe est toujours le silence, une certaine confusion, un mouvement de recul…

Alentour, l’effroi et l’inquiétude grondaient, alors la sidération, et aussi une certaine méfiance devant cet affolement, l’emballement médiatique, m’ont gagnée. L’événement était mondial, si important, évidemment, mais on aurait dit que certains n’attendaient que ça depuis des années. Je n’aime pas les phénomènes de meute, j’ai en horreur l’opportunisme quel qu’il soit. Maintenant, il s’agit de prendre du recul et de la hauteur, autant que possible… puisque nous voilà tous soulagés de savoir que le pire a été évité, que Salman Rushdie a survécu et avec lui, la faculté de notre pensée.

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Penser à Salman Rushdie me fait penser à Marilyn. Ce 13 août, je me trouvais sur les terres du marquis de Sade, un des grands philosophes de la liberté, pour interpréter cette femme, cette actrice, qui a tant lutté (le sait-on assez?) contre les oppressions des hommes, des studios, du pouvoir en général. Je ne peux m’empêcher de me dire que c’est au risque de sa vie physique ou mentale que l’on conserve parfois sa liberté.

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Penser à ce qui est arrivé à Salman Rushdie me fait penser à Lady Gaga. Elle vient de donner un concert à Washington au cours duquel elle a interpellé le public pour défendre le droit à l’avortement et au mariage gay… Cette voix de femme, artiste libre et forte, qui(...)


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