Isère: des jeunes dénoncent une attaque "raciste" lors d'une fête de village

Ils souhaitent rétablir leur vérité. Accusés d’être à l’origine de la violente rixe qui a éclaté dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mai à Murinais (Isère), en marge du "Bal des farmers", certains jeunes, venus d’un quartier de Saint-Marcellin, livrent auprès de BFMTV leur version des faits et dénoncent une attaque "raciste".

"Je ne me sens pas bien quand je revois la scène avant de dormir, je frissonne", affirme auprès de BFMTV une victime de la rixe âgée de seulement 14 ans. "Je fais des cauchemars, j’ai perdu quatre kilos depuis lundi."

"On s'est fait frapper"

Dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mai, les jeunes agriculteurs de Saint-Marcellin et de Pont-en-Royans ont organisé une soirée nommée "Bal des farmers" dans la salle de fêtes de la commune. Une première bagarre a éclaté aux alentours de 22h30 à l’arrivée de jeunes venus d’un quartier de Saint-Marcellin.

"À 23h15, apparemment, le groupe est revenu pour en découdre après ce qui s’était passé la première fois. Ça a été plus grave, on nous a confinés à l’intérieur de la salle, on nous a dit qu’il ne fallait plus sortir, car il y avait un peu de danger", expliquait un participant, sous couvert d'anonymat, à BFMTV.

Les jeunes visés livrent auprès de BFMTV une toute autre version de la soirée. "J’étais ici, on m’a appelé pour me dire qu’il y avait un bal à Murinais par des agriculteurs, que ça se passait bien et qu’il y avait une bonne ambiance", explique la victime de 14 ans. "Du coup, on a décidé d’y aller."

Une fois sur place, "on s’est fait frapper", poursuit l’adolescent. "On s’est fait agresser en quelque sorte." Les jeunes expliquent prendre alors la fuite et envoyer une vidéo à leurs amis pour leur demander de l’aide. Dans ces images, que BFMTV a pu consulter, ils apparaissent couverts de sang.

"Derrière nous, il y avait une vingtaine de personnes. Ils disaient 'bande de bougnoules, on va vous attraper, vous êtes morts'", affirme un témoin de la rixe, âgé de 17 ans. "On a eu peur, on est des gamins, on était cinq."

Une quinzaine de personnes arrivent en renfort pour en découdre. Une nouvelle rixe éclate et des propos racistes et homophobes fusent des deux côtés, selon le parquet de l’Isère.

"C'est à cause des bougnoules"

"Nous, on a jamais dit de trucs racistes. Justement, nous ce que l’on a entendu, c’est que quand ils étaient dans la salle, que la fête était finie, on a entendu 'c'est à cause des bougnoules, c’est à cause des bougnoules'", rapporte un participant de la rixe, âgé lui de 24 ans.

Tous affirment ne pas être entrés à l’intérieur de la salle des fêtes et n’avoir aucun lien avec les jeunes impliqués dans la mort de Thomas. Ce lycéen mortellement poignardé à Crépol (Drôme) en novembre dernier à une trentaine de kilomètres d’ici lors d’une soirée de village similaire.

"Ils ne sont pas venus, il n’y a rien avoir avec eux. Il n’y a aucune personne de Romans-sur-Isère qui était à Saint-Marcellin. Il n’y a personne qui était là pour casser du blanc", explique un adolescent de 13 ans.

Au total, six personnes ont été blessées. L’une d’elles, âgée de 15 ans, a été grièvement blessée à la tête. Une enquête a été ouverte par le parquet de Grenoble et confiée à la brigade de recherche de Saint-Marcellin.

"Compte tenu du nombre d'intervenants, d'une part, de l'existence de deux rixes distinctes d'autre part, et de plusieurs versions contradictoires (...) nul ne peut prétendre encore, à ce stade de l'enquête, disposer d'une version complète des faits conforme à ce qui s'est vraiment passé", a souligné Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, dans un communiqué ce jeudi.

Article original publié sur BFMTV.com