"Iron Claw" raconte l’histoire vraie de la famille Von Erich et montre les ravages de la masculinité toxique

Zac Efron et Jeremy Allen White jouent des frères dans le biopic sur la tristement célèbre famille de catcheurs. Le film trouve une explication à la "malédiction des Von Erich".

CINÉMA - Pas besoin de s’intéresser au catch pour être pris aux tripes. Iron Claw est avant tout une histoire de famille. Le biopic de Sean Durkin, au cinéma ce mercredi 24 janvier, raconte l’histoire tragique des Von Erich, célèbre fratrie de catcheurs américains. Derrière sa montagne de muscles et sa coupe au bol des années 80, Zac Efron livre une performance bouleversante dans le rôle principal.

« The Iron Claw » : Zac Efron et Jeremy Allen White tout en muscles pour incarner une vraie fratrie de catcheurs

Dans la famille Von Erich, Fritz et Doris ont eu six fils : Jack Jr., Kevin, David, Kerry, Mike et Chris. Cinq sont morts avant leurs parents, trois se sont suicidés. Le destin des frères est si sombre que le réalisateur d’Iron Claw a préféré effacer du scénario le benjamin, qui s’est tiré une balle dans la tête à 21 ans. « C’était une tragédie de plus que le film ne pouvait pas vraiment supporter », a expliqué Sean Durkin au Los Angeles Time.

La malédiction des Von Erich

Dans le film, on n’aperçoit que brièvement Jack Jr. avec Kevin et David dans le flash-back d’ouverture. Son décès, dont les conditions tragiques font office de mauvais présage, est le seul qui n’est pas montré à l’écran. En 1959, à six ans, il est tombé après s’être électrocuté sur la clôture d’un voisin et est mort noyé dans une flaque de neige fondue.

David (joué par Harris Dickinson) décède dans sa chambre d’hôtel à Tokyo en 1984 à 25 ans, pendant une tournée de catch. Selon l’autopsie, il est mort d’une perforation des intestins suite à une entérite, mais certains attribuent la cause à une overdose de drogues et d’alcool. Mike (Stanley Simons), le plus jeune dans le film, succombe à une overdose volontaire de médicaments en 1987 à l’âge de 23 ans.

La disparition de Kerry, interprété par Jeremy Allen White, est peut-être la plus dévastatrice tant elle est anticipée dans le film. Il survit à un accident de moto mais se fait amputer d’un pied. Alors qu’il ne reste plus que lui et Kevin, la détérioration de sa santé mentale est presque insoutenable. En 1993 à 33 ans, le quatrième fils Von Erich se tire une balle dans le cœur dans le jardin de ses parents.

Ces morts en série ont amené la famille et le monde du catch à parler de « malédiction des Von Erich ». Cette croyance devient le fil conducteur du film, narré par Zac Efron dans la peau de Kevin. Le seul fils Von Erich à survivre finit par être persuadé qu’il est maudit, au point de ne plus vouloir dormir chez lui pour ne pas contaminer sa femme et son fils.

Le catch, du berceau au ring

Ce qu’Iron Claw raconte avec justesse, c’est qu’une malédiction existe bien. Seulement, elle n’a pas été jetée par une divinité mais par leur père, Fritz Von Erich. Dans le film, hormis celle accidentelle de Jack Jr., la mort des frères Von Erich est la triste conséquence de leur éducation toxique.

Le patriarche, interprété par Holt McCallany, voit en ses enfants un moyen de prendre sa revanche. Jack Barton Adkisson de son vrai nom a eu une carrière de catcheur prolifique, incarnant le pseudo-nazi Fritz Von Erich sur le ring. Mais il n’a jamais été sacré champion du monde poids lourds de la NWA (National Wrestling Alliance, la fédération américaine de catch professionnel).

Dès le plus jeune âge, Fritz instaure une compétition malsaine entre ses fils, les classant par ordre de préférence. Les garçons ne peuvent pas envisager un autre avenir que le catch. Kerry devait participer aux Jeux Olympiques de 1980 comme lanceur de disque mais après leur boycott par les États-Unis, il suit les traces de son père. Même Mike, qui n’a ni le physique ni l’appétence pour le sport, doit faire une croix sur la musique et finit de force sur le ring.

Kevin, initialement choisi pour concourir au championnat du monde de poids lourds, se fait doubler par David qui se fait doubler par Kerry. Malgré cette rivalité forcée, les frères se serrent les coudes et prennent plaisir à être ensemble, sur le ring comme à la maison.

Zac Efron, celui qui reste

Fritz Von Erich tient figurativement, et parfois littéralement, ses fils dans sa « griffe de fer », sa prise de catch signature. Dans les vestiaires et même aux enterrements, toute émotion est étouffée, les larmes interdites, et la douleur physique doit être tue.

Leur mère, austère, se raccroche à la religion et reste dans l’ombre de son mari, sourde aux appels à l’aide de ses enfants. Dans le film, elle semble s’émanciper seulement après l’ultime décès de ses fils. Dans la vraie vie, Doris Von Erich a demandé le divorce en 1992, juste avant la mort de Kerry.

La transformation physique de Zac Efron est aussi impressionante que son jeu d’acteur dans « Iron Claw ».
A24 La transformation physique de Zac Efron est aussi impressionante que son jeu d’acteur dans « Iron Claw ».

Propulsé à la place du grand frère après la mort du sien, Kevin Von Erich tente tant bien que mal de protéger les autres, sans jamais réussir à couper les ponts avec son père. Quand ce dernier prend sa retraite, son seul enfant encore en vie reprend le business familial. Le vrai Kevin Von Erich, qui a donné son feu vert au réalisateur d’Iron Claw mais n’a pas participé au scénario, maintient toujours que son père était un homme « bon et honorable ».

Il estime que ses frères ne se sont pas suicidés à cause de la pression mise par Fritz mais à cause « d’un sentiment de désespoir de décevoir tout le monde et de se sentir plus bas que terre ». Dans le podcast Talk Is Jericho, il a affirmé : « Tous mes frères étaient très loyaux, et c’était ça la raison, la honte et la culpabilité d’avoir échoué. Ce n’était pas mon père », sans remettre en question la source de leur culpabilité.

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