En Iran, le rappeur Toomaj Salehi condamné à mort, la communauté internationale dénonce la sentence

Le rappeur Toomaj Salehi, ici dans un clip publié en 2023 sur YouTube.
Toomaj YouTube Le rappeur Toomaj Salehi, ici dans un clip publié en 2023 sur YouTube.

IRAN - C’est une condamnation à mort, en Iran, qui trouve un certain écho international cette semaine. Emprisonné depuis plus d’un an et demi, Toomaj Salehi a écopé de la peine capitale « pour corruption sur Terre », l’un des chefs d’accusation les plus graves en Iran. Le tribunal révolutionnaire qui l’a jugé avait accusé le rappeur d’« incitation à la sédition, rassemblement, conspiration, propagande contre le système et appel aux émeutes ».

Le rappeur de 33 ans (voir l’un de ses clips ci-dessous) avait été arrêté en octobre 2022. Il avait soutenu via ses chansons et sur les réseaux sociaux le mouvement de contestation déclenché après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des mœurs, qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict pour les femmes.

Depuis l’annonce de sa condamnation, les soutiens sont nombreux sur les réseaux sociaux un peu partout dans le monde. En France, un appel à se rassembler pour exiger la libération du rappeur et des prisonniers politiques iraniens circule ces dernières heures : le point de rendez-vous est fixé ce dimanche 28 avril, 15h, place de la Bastille à Paris.

Plusieurs députés sont aussi montés au créneau, dénonçant comme l’écologiste Sandrine Rousseau le sort réservé à Toomaj Salehi.

Sur X, des anonymes ont aussi apporté leur soutien au rappeur suivi par plus d’un million de personnes sur Instagram, lui qui soutient le mouvement « Femme, vie, liberté » et encourage les protestataires à chanter leur colère.

Le ministère français des Affaires étrangères condamne

Sur un plan diplomatique, la condamnation de Toomaj Salehi a aussi été dénoncée jeudi 25 avril par la France, l’Italie, et les experts d’un groupe de travail de l’ONU. « La France condamne avec vigueur cette décision qui s’ajoute aux nombreuses autres condamnations à mort et exécutions injustifiables liées aux manifestations de l’automne 2022 en Iran », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans une déclaration.

Ces condamnations et les « nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes, ne peuvent tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien », a ajouté la diplomatie française.

À Genève, ce sont une dizaine d’experts indépendants des Nations unies qui ont dénoncé cette condamnation. « Aussi dures que soient les chansons de Toomaj Salehi à l’égard du gouvernement, elles sont une manifestation de la liberté artistique et des droits culturels », ont-ils indiqué dans un communiqué, signé par cinq rapporteurs spéciaux et les cinq membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire.

Ils se disent « alarmés par l’imposition de la peine de mort et les mauvais traitements présumés à l’encontre de M. Salehi qui semblent uniquement liés à l’exercice de son droit à la liberté d’expression artistique et à la créativité ». En outre, ont-ils ajouté, « les exécutions à l’issue de procès inéquitables constituent une privation arbitraire de la vie ». Ces experts sont nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU mais ne s’expriment pas au nom de l’organisation.

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