Mariée de force à 13 ans, Mona Heidari a été décapitée par son mari

a n iranian woman dressing chador in the courtyard of the Pink Mosque in Shiraz, Iran

Elle avait 17 ans, avait été mariée de force, et avait un enfant. Soupçonnée d'adultère par son époux et son beau-frère, Mona Heidari, une jeune Iranienne, a été décapitée. Son meurtre suscite une indignation internationale.

Les mariages forcés et les crimes d'honneur sont encore une réalité dans de nombreux pays, au sein desquels il ne fait pas bon être une femme. Depuis quelques jours, en Iran, une vidéo fait le tour d'Internet : celle d'un homme qui a décapité son épouse et parade fièrement avec la tête de cette dernière dans les rues d'Ahvaz, capitale de la province du Khouzestan dans le sud-ouest du pays. Depuis, l'homme et son frère, complice de son meurtre, ont tous deux été interpellés par les forces de l'ordre. Et l'histoire de Mona Heidari, la jeune femme assassinée, a fait le tour du monde.

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Mariée de force à 12 ans, mère à 15 ans

Selon les médias locaux et l'agence de presse iranienne Rokna, Mona Heidari n'avait que 12 ans lorsque sa famille l'a mariée de force à l'un de ses cousins, qui répond au nom de Sajjad Heydari. L'homme est plus âgé qu'elle, et violent. À tel point que la jeune femme tente à plusieurs reprises d'obtenir le divorce, et prend même la fuite pendant 6 mois en Turquie dans l'espoir de lui échapper, avant d'être retrouvée par son père et son oncle. Ses derniers ont réussi à la convaincre de rentrer chez elle, lui promettant de la protéger. Une promesse qui n'a jamais été tenue par les deux hommes.

Sa famille s'est en effet toujours opposée à son divorce, rapporte le Women’s Committee NCRI, un comité de défense des femmes iraniennes dans les colonnes du Parisien. D'autant que ce mariage forcé a donné naissance à un petit garçon, âgé de moins de trois ans, qui était la prunelle des yeux de sa maman.

Accusée d'adultère, elle a été décapitée

Seulement voilà, à son retour de Turquie, Mona Heidari a été accusée d'adultère par son époux. Ce dernier affirme qu'elle l'aurait trompé avec un Syrien également réfugié en Turquie, dont elle aurait fait connaissance via Instagram. Face à ce qu'il considère comme un affront, Sajjad Heydari décide alors de la décapiter, à l'aide de son frère. Les deux hommes, finalement interpellés par les forces de l'ordre, revendiquent leur "crime d'honneur".

Et malheureusement, leur condamnation est loin d'être une évidence. En Iran, la loi islamique autorise en effet un père, un frère ou un oncle à tuer une femme infidèle pour préserver et laver l'honneur de la famille. Il en va d'ailleurs de même pour les enfants homosexuels. Ces crimes sont particulièrement répandus dans les zones les plus rurales du pays, même si dans quelques cas particuliers, les assassins peuvent être condamnés à une peine maximale de cinq ans de prison.

En Iran, les associations estiment que pas moins de 8 000 "crimes d'honneur" auraient été commis entre 2010 et 2014, le plus souvent envers des adolescentes mariées de force. Un chiffre effrayant qui serait qui plus est largement sous-estimé, car la plupart des auteurs de ces meurtres ne seront jamais traduits en justice.

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