Iran : qu'est-ce qu'un "crime d’honneur", cette pratique permettant à des hommes de tuer leur femme ?

Depuis la révolution iranienne il y a plus de 40 ans, l'Iran est gouverné par des extrémistes religieux qui obligent les femmes à vivre sous l'influence d'un homme de leur famille.

En Iran, une jeune femme de 17 ans mariée de force a été décapitée par son époux. Il s'agit d'un "crime d'honneur", un acte de barbarie très fréquent en Iran et dans d'autres pays du monde. De quoi s'agit-il exactement ?

C'est une histoire atroce qui a fait le tour du monde. Mariée de force à l'âge de 12 ans à son cousin, une jeune femme iranienne de 17 ans a été décapitée par ce dernier. Une vidéo insoutenable circule sur internet où on y voit un homme dans les rues d'Ahvaz, sourire aux lèvres, tenant dans une main la tête de sa femme Mona Heydari et dans l'autre un grand couteau.

Dès l'âge de 15 ans, elle est victime de violences conjugales et veut divorcer mais sa famille l'en dissuade. Elle décide alors de fuir en Turquie plusieurs mois et revient après que son père et son oncle la retrouve et lui promettent une vie en sécurité. De retour en Iran, Mona se fait assassiner par son mari et le frère de ce dernier.

Entre un et deux crimes d'honneur par jour en Iran

Lors de son séjour en Turquie, l'adolescente aurait rencontré un Syrien réfugié en Turquie via Instagram, ce qui justifierait le "crime d'honneur" commis par son mari et cousin. En effet, ces crimes d'honneur sont commis sur des femmes qui se sont échappées, ont été violées, ont commis un adultère ou ont refusé un mariage forcé. En Iran, il y aurait entre un et deux crimes de ce type chaque jour.

Lorsque les femmes sont soupçonnées d'enfreindre l'une de ses règles, elles sont assassinées par des membres de leur famille qui justifient ces actes au motif que cela protège "l'honneur" de la famille. Si ces crimes existaient en Europe à l'époque du Moyen-Âge, on les retrouve aujourd'hui surtout dans certains États du Proche et du Moyen-Orient comme le Pakistan, l'Iran, la Jordanie ou encore la Turquie. Ces crimes s'appuient principalement mais pas exclusivement sur la culture musulmane et la loi islamique, la charia, et ne sont pas toujours passibles des tribunaux. On en retrouve également sur le continent sud-américain, notamment en Argentine ou au Venezuela.

Les maris ont le droit de vie ou de mort sur leur femme

Selon l'association suisse Human Rights, plusieurs milliers de femmes sont tuées chaque année dans le monde sous le motif "d'honneur". En Iran, ces crimes sont rarement punis, les textes législatifs considèrent que les pères et les maris sont propriétaires de leurs femmes et leurs enfants et ont donc le droit de vie ou de mort sur ces derniers. Selon le Comité de soutient aux droits de l'Homme en Iran, le régime perpétue et encourage systématiquement diverses formes de violence à l’égard des femmes.

À LIRE AUSSI >> Chine : la vidéo d'une "femme esclave" enchaînée fait scandale dans le pays

S'il n'existe pas de statistiques exactes sur les crimes d'honneur en Iran, l'agence de presse officielle ISNA estime qu'"entre 375 et 450 cas de crimes d'honneur se produisent chaque année en Iran". Selon l'agence, les crimes d’honneur dans le pays représentent environ 20% des meurtres et 50 % des meurtres familiaux dans le pays. En Iran, les lois ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains indépendants en raison de leur sexe. De nombreux crimes d'honneur commis contre des jeunes femmes ne sont pas traités par le système judiciaire, ce qui se rapproche d'un permis de tuer.

VIDÉO - En Iran, le Français Benjamin Brière condamné à 8 ans de prison pour espionnage