Iran: au moins 103 morts dans des explosions près de la tombe du général Soleimani

Au moins 103 personnes ont été tuées et plus de 180 blessées dans une double explosion ce mercredi 3 janvier près de la tombe du général iranien Qassem Soleimani, dont l'Iran célèbre le quatrième anniversaire de l'assassinat.

"Le nombre de personnes tuées est passé à 103 après que des personnes ont succombé à leurs blessures", a indiqué l'agence de presse officielle iranienne Irna. La télévision d'État a fait état de 181 personnes blessées, dont certaines dans un "état critique".

Les faits ont eu lieu près de la mosquée Saheb al-Zaman, où se trouve la tombe du général Soleimani, à Kerman, dans le sud de l'Iran. Une foule compacte composée de représentants du régime et d'anonymes y était rassemblée pour une cérémonie.

L'attaque, qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit il y a près de trois mois entre Israël et le Hamas à Gaza, et au lendemain de l'élimination d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe de drone près de Beyrouth.

Des bombes "activées via une télécommande"

Selon l'agence iranienne Tasnim, les explosions ont été provoquées par des "bombes dissimulées dans deux sacs". "Les auteurs des faits ont apparemment activé les bombes via une télécommande", selon la même source.

"Nous marchions vers le cimetière lorsqu'une voiture s'est soudainement arrêtée derrière nous et qu'une poubelle contenant une bombe a explosé", a indiqué un témoin cité par l'agence de presse ISNA. Parmi les personnes tuées figurent trois secouristes qui se sont précipités dans la zone après la première explosion, selon le Croissant-Rouge iranien. L'agence Isna, qui cite le maire de Kerman, Said Tabrizi, explique que les explosions se sont produites à dix minutes d'intervalle. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des participants tentant désespérément de quitter le site alors que le personnel de sécurité bouclait la zone. Sur d'autres vidéos, on peut voir des personnes courant, paniquées et désorientées.

Les autorités dénoncent un acte "terroriste"

Le gouvernement a décrété demain (jeudi) une "journée de deuil national dans tout le pays", a indiqué la télévision d'État.

L'attaque, la plus meurtrière en Iran depuis 1979, a été rapidement qualifiée d'acte "terroriste" par Rahman Jalali, adjoint au gouverneur de la province de Kerman, dans le sud de l'Iran.

Le président Ebrahim Raïssi a condamné un acte "odieux et lâche", tandis que l'ayatollah Ali Khamenei a promis une "réponse sévère".

"Les ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne ont une nouvelle fois provoqué un désastre et transformé en martyrs un grand nombre de personnes de notre peuple à Kerman", a déclaré dans un communiqué le guide suprême de la Révolution islamique.

L'Union européenne a elle condamné "dans les termes les plus forts" un "acte terroriste" et le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un acte "choquant par sa cruauté et son cynisme".

Soleimani, un général adulé

Qassem Soleimani avait été tué en janvier 2020, à l'âge de 62 ans, lors d'une attaque de drone américain en Irak. Homme clé du régime iranien, il dirigeait la Force Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran, supervisant les opérations militaires dans l'ensemble du Moyen-Orient.

Déclaré "martyr vivant" par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, alors qu'il était encore en vie, Soleimani était considéré comme un héros pour son rôle dans la défaite du groupe jihadiste Daesh en Irak et en Syrie.

Aux yeux de nombreux Iraniens, ses prouesses militaires et stratégiques ont permis d'éviter la désintégration multiethnique de pays voisins tels que l'Afghanistan, la Syrie et l'Irak.

L'Iran a déjà été le théâtre d'attaques et d'attentats à la bombe qui ont fait des dizaines de morts, dont plusieurs ont été revendiqués par des groupes qualifiés de "terroristes" par Téhéran. En 2019, un attentat suicide à la voiture piégée contre un bus des Gardiens de la révolution a tué 27 soldats dans le sud-est de l'Iran. Cet attentat avait été ensuite revendiqué par Jaish al-Adl, un groupe djihadiste formé en 2012.

Article original publié sur BFMTV.com