Intrusion à Rungis: la responsable de la Coordination rurale assure avoir "manifesté pacifiquement"

Une arrestation "disproportionnée." À peine sortie de sa garde à vue du commissariat de Maison-Alfort dans le Val-de-Marne ce jeudi 1er février, Karine Duc, responsable de la Coordination rurale 47, interpellée la veille en marge d'une action menée au marché de Rungis par des agriculteurs en colère, a fait part de son indignation.

"Je ne sais pas qui peut m'être reproché sachant qu'on a manifesté pacifiquement, sans tracteurs et sans dégradations", assure-t-elle au micro de BFMTV. Selon elle, les manifestants interpellés hier "essayaient d'avoir des réponses à nos revendications".

"Quasiment une rafle"

Lors de cette prise de parole, elle a également dénoncé "la disproportion entre la manifestation pacifique sans dégradation et le sort qui (leur) a été réservé juste après". "J'étais reçu à midi à Matignon et le soir je me retrouve en garde à vue", déplore l'agricultrice.

"C'est quasiment une rafle", dénonce-t-elle alors que 79 personnes au total ont été placées en garde à vue.

Plus tôt dans la journée, son avocate, Me Déborah Roilette, qui a pu rencontrer sa cliente dans la matinée, a souligné que cette garde à vie a été "extrêmement traumatisante" pour cette femme qui "n'a pas l'habitude des gardes à vue et des policiers."

"Elle demandait un avocat depuis hier soir, elle n’a pas eu droit, je n'ai pu la voir que ce matin. Il faudra qu’on nous explique pourquoi cette situation et pourquoi atteinte à ses droits si grande", dénonce-t-elle.

"On était au chaud"

Quelques minutes plus tard, un autre agriculteur, qui a passé quelques heures en garde à vue mercredi, de 10h à 18h35, après son arrestation devant Rungis pour entrave à la circulation, fait part de son expérience.

"Ça s'est super bien passé, des gendarmes au top, serviables, l’attente était longue. Certains étaient en cellule, moi, j’étais sur un banc, menotté. On était au chaud, pas trop mal on va dire", dit-il, se disant "fier" de son mouvement. "On a fait ce qu’on voulait faire", assure-t-il.

Selon la loi, les 79 gardés à vue risquent, pour dégradation du bien d’autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations, jusqu'à 30.000 euros d'amende et 2 ans de prison.

Une peine qui peut monter à 75.000 euros d'amende et 5 ans de prison selon les circonstances, dont celle d'avoir agi en groupe ou bien "commise dans un local d'habitation ou dans un lieu utilisé ou destiné à l'entrepôt de fonds, valeurs, marchandises ou matériels", dit la loi. Les magistrats vont devoir décider des éventuelles poursuites.

Article original publié sur BFMTV.com