Agriculteurs en colère: que risquent les personnes placées en garde à vue pour leur action à Rungis?

La "ligne rouge" fixée par Gérald Darmanin a été franchie. Aux premières heures de ce jeudi 1er février, 79 agriculteurs en colère sont toujours placés en garde à vue pour dégradation du bien d’autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien après avoir pénétré dans le marché de Rungis.

Dorénavant, les questions concernant d'éventuelles poursuites judiciaires se posent et, comme l'a appris BFMTV du parquet de Créteil, leurs auditions doivent démarrer dans la journée.

Jusqu'à 30.000 euros d'amende et 2 ans de prison

Si la plupart des gardes à vue doivent être levées dans les heures à venir, selon l'article 322-2 du Code pénal, les interpellés risquent pour ces faits jusqu'à 30.000 euros d'amende et 2 ans de prison.

Une peine qui peut monter à 75.000 euros d'amende et 5 ans de prison selon les circonstances, dont celle d'avoir agi en groupe ou bien "commise dans un local d'habitation ou dans un lieu utilisé ou destiné à l'entrepôt de fonds, valeurs, marchandises ou matériels", dit la loi. Les magistrats vont devoir décider des éventuelles poursuites.

Les agriculteurs attendent les libérations

Ce jeudi matin, les organisateurs du convoi Paris-Agen, dont la plupart des gardés appartiennent, font savoir qu'ils quittaient l'Essonne, où ils ont passé la nuit, à la demande du préfet du département. Toutefois, ceux-ci assurent qu'ils ne prendraient pas la route sans avoir récupéré les individus actuellement retenus, dont la coprésidente de l'antenne locale du syndicat, Karine Duc, interpellée mercredi.

"Je ne pars pas sans ma coprésidente, mes agriculteurs. On partira quand on sera tous ensemble, on est arrivés ensemble, on repart ensemble, dans une équipe on ne se lâche pas."

En milieu de matinée, Me Déborah Roilette, avocate de Karine Duc, souligne que cette dernière devrait être libérée "dans quelques minutes" après cet épisode qui a été "extrêmement traumatisant" pour cette femme qui "n'a pas l'habitude des gardes à vue et des policiers."

"Elle demandait un avocat depuis hier soir, elle n’a pas eu droit, je n'ai pu la voir que ce matin. Il faudra qu’on nous explique pourquoi cette situation et pourquoi atteinte à ses droits si grande", dénonce-t-elle.

En ce qui concerne les 15 individus placés plus tôt dans la journée de mercredi en garde à vue, relâchés depuis, ils sont quant à eux concernés par un délit d'entrave à la circulation après avoir tenté de couper la circulation devant le marché de Rungis. Ils risquent pour cela, selon l'article L412-1 du Code de la route, jusqu'à 2 ans de prison et 45.000 euros d'amende.

Article original publié sur BFMTV.com