Interdiction des portables, vouvoiement des professeurs, uniforme : Jordan Bardella promet un « big bang de l’autorité » à l’école

J-6 avant les élections législatives. Après les conférences de presse du Nouveau Front Populaire et de Gabriel Attal pour la majorité présidentielle, c’était au tour du Rassemblement National de présenter son programme pour le scrutin de dimanche.

Parmi les éléments égrenés par Jordan Bardella, l’éducation s’est voulue occuper une place de choix dans son propos, comme pour illustrer la volonté du parti d’extrême-droite d’agir en rupture totale avec les 7 ans au pouvoir d’Emmanuel Macron, en agissant dès le plus jeune âge.

Partisan d’un « big bang » de l’autorité, le président du RN a notamment affirmé : « Je ne me résous pas à la dégradation éducative de la France », en annonçant une mesure phare en cas de majorité aux élections législatives : l’interdiction des téléphones dans « l’ensemble des établissements scolaires, dont les lycées ».

Fin du collège unique

Se défendant en amont de vouloir rouvrir « une guerre scolaire » entre l’école publique et l’école privée, Jordan Bardella soutient cependant la fin du collège unique, en le remplaçant par un « collège modulaire », visant à « valoriser tout autant les filières générales que les filières professionnelles ».

Pour le président du RN, il s’agit d’« orienter plus tôt et plus efficacement », prenant exemple sur les modèles allemand et suisse. « Dès la 4e, les cours seront adaptés, les résultats du brevet seront pris en compte par une orientation vers l’apprentissage, le lycée général ou le lycée professionnel », développe-t-il.

Faire de l’école un « asile inviolable »

Alors que les établissements scolaires ont été confrontés à de nombreux événements tragiques ces dernières années, Jordan Bardella entend redonner à l’Education nationale, ses lettres de noblesse, assurant vouloir faire de l’école, un « asile inviolable », grâce à un « big bang de l’autorité ». « Je souhaite que la France se dote d’une école de l’exigence, qui remettra la transmission du savoir au centre de tout, l’accent sur la maîtrise des savoirs fondamentaux à l’école primaire notamment, et qui rendra aux professeurs leur autorité, leurs valeurs et leur prestige », amorce-t-il, se déclarant favorable à une revalorisation salariale de ces derniers.

Deuxième pilier de cette stratégie, la dernière tête de liste RN aux élections européennes souhaite faire des établissements scolaires, des « zones de sobriété numérique », en étendant l’interdiction de l’usage des téléphones portables aux lycées. « . Les écrans ne sont pas les principaux pourvoyeurs de la violence, mais on ne peut pas minimiser leur impact sur les difficultés de concentration ou leur pouvoir mimétique », analyse-t-il.

En outre, il précise que « le vouvoiement des enseignants sera obligatoire », ainsi que la poursuite de l’expérimentation de l’uniforme. Sur ce dernier point de l’uniforme, il s’estime « à titre personnel, favorable à son instauration à l’école primaire et au collège ».

Sanctions financières contre les parents

Enfin, Jordan Bardella s’est montré très offensif sur sa volonté de « mettre fin à l’idéologie du « pas de vague » et au recul de la République dans ses propres institutions. Affirmant que « l’Etat se tiendra systématiquement auprès de ses professeurs », il explique que « la protection fonctionnelle sera automatique en cas de plainte pour violences, menaces ou injures » vis-à-vis d’un enseignant.

Le président du RN souhaite également sanctionner plus durement les élèves « perturbateurs » : « Des sanctions planchers seront instaurées pour les conseils disciplinaires, et des centres spécialisés pour les élèves perturbateurs et harceleurs seront créés pour protéger à la fois les autres élèves et les enseignants », annonce-t-il. Sanctions contre les élèves côté pile, sanctions contre leurs parents côté face, Jordan Bardella assurant vouloir « renouer avec la loi Ciotti ». Cette loi, votée en 2010 sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, mais abrogée par son successeur, François Hollande prévoit notamment « la suspension des allocations familiales et des bourses scolaires en cas de perturbation grave et répétée au sein des établissements scolaires ».

Reste à savoir si cette batterie de mesures suffira à calmer certains cadres de l’Education nationale, qui ont lancé ce vendredi 21 juin, une pétition contre l’arrivée du parti d’extrême-droite au pouvoir.