Intempéries: où les pluies incessantes ont-elles permis de remplir les nappes phréatiques?

Après un été marqué par de fortes sécheresses, qui avait contraint de nombreuses autorités locales à mettre en place des mesures de restrictions d'eau, la France connaît depuis deux mois des précipitations de manière quasi ininterrompue. À l'origine d'inondations et de nombreux dégâts notamment dans le nord et l'ouest de la France, elles ont aussi permis de recharger un certain nombre de nappes.

L'alimentation en eau des nappes phréatiques de France métropolitaine s'est améliorée de manière "notable". Près de la moitié (48%) est même repassée au-dessus des normales de saison, alors qu'elles n'étaient que 14% à l'être au 1er novembre, note ce jeudi 14 décembre le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Situation contrastée

Dans le détail, les nappes phréatiques en surface du sud ouest et des deux-tiers nord du pays affichent un niveau jugé "très haut" par rapport aux normales de saison. Malgré tout, la situation reste très contrastée.

"Le gros bémol c'est autour de la Méditerranée où le niveau reste très bas, note Christophe Person, chef du service météo et climat de BFMTV. Il y a eu très peu de précipitations, mis à part ce week-end sur la Provence".

Les nappes de la plaine de la Limagne, du couloir Rhône-Saône, du sud de l'Alsace et du Bassin parisien et de la Corse sont également au-dessous des normales de saison.

Un risque de sécheresse existant

Concernant les prévisions pour l'an prochain, le BRGM reste prudent. Le risque de sécheresse dans les prochains mois perdure.

"Il y a deux types de nappes phréatiques. Les nappes de surface ont des fluctuations très rapides, explique sur BFMTV David Colon, ancien délégué national de la filière française de l'eau. À l'inverse, les nappes profondes peuvent mettre plusieurs mois à se recharger. C'est la raison pour laquelle leur niveau reste très bas actuellement".

D'autant que les alternances entre périodes de sécheresse et excès d'eau vont devenir de plus en plus communes selon l'expert.

"L'eau est le marqueur du changement climatique"

"En principe, l'automne et le printemps sont propices à des périodes de précipitations lentes et continues, souligne-t-il. Ce n'est plus le cas à cause du changement climatique. On dit souvent que l'eau est devenue son marqueur".

Afin de mieux gérer ces variations, David Colon plaide pour la lutte contre l'artificialisation des sols. "Lorsqu'un sol est couvert par du béton, évidemment les phénomènes de crues s'accroissent, pointe-t-il. À l'inverse lorsque les sols sont maintenus en herbe alors l'eau est retenue et s'infiltre tout doucement dans les nappes."

Pour rappel, la loi Climat et résilience de 2021 impose que soit divisé par deux le rythme de consommation des espaces naturels pour mettre fin à l’artificialisation des sols et contribuer à la préservation de l’environnement à l’horizon 2050.

Article original publié sur BFMTV.com