Intempéries mortelles dans le Gard: la sécurité des ponts submersibles en question

Quatre morts. Les violentes intempéries qui ont balayé le Sud-Est ce week-end ont déjà un lourd bilan, alors que les recherches pour retrouver les disparus se "densifient" ce lundi 11 mars, selon la préfecture du Gard.

Les victimes ont en commun d'avoir tenté de traverser des ponts submersibles dans le département. Un père de famille et ses deux enfants ont ainsi été emportés par les flots alors qu'ils essayaient d'emprunter vers 23h30 une structure de ce type sur le Gardon à Dions, village de 500 habitants au nord de Nîmes.

Deux enfants toujours disparus

La mère de famille, âgée de 40 ans, a pu être sauvée et a été hospitalisée et un corps, possiblement celui du père, a été retrouvé ce lundi. La voiture a été découverte, vide, en aval du lieu du drame.

Les deux enfants de 4 et 13 ans, sont toujours disparus lundi, ainsi qu'un homme de 70 ans dans la commune de Saint-Martin-de-Valamas dans le département voisin de l'Ardèche.

Les trois premières victimes des intempéries dans le Gard sont un homme retrouvé mort dimanche matin à Gagnières, village du nord du département, après avoir été emporté avec son véhicule par un cours d'eau, vers 18h45 samedi, et deux femmes de 47 et 50 ans, elles aussi emportées dans leur voiture par une rivière en crue, dimanche vers 5 heures, à Goudargues, également dans le nord du département.

Qu'est-ce qu'un pont submersible?

Le département du Gard compte au moins 63 ponts submersibles, selon un décompte du Conseil départemental cité par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, la mobilité et l’aménagement (Cerema) dans un rapport de juin 2020.

Également appelé "pont-gué", un pont submersible est "un ouvrage généralement peu élevé susceptible d’être submergé parce qu’il traverse une rivière ou un fleuve dont le niveau peut fluctuer très fortement", d'après le rapport de l'établissement public. Peu coûteux, "il est conçu pour laisser s’écouler l’eau le plus librement possible au-dessus du tablier en cas de crue", ajoute le Cerema.

"Une quinzaine" des ponts submersibles du Gard sont équipés de barrières, qui peuvent être fermées en cas de risque, d'après le Cerema. Les autres ont des panneaux de signalisation en amont qui avertissent face aux dangers d'une possible submersion.

À Dions, où la famille a été emportée, une habitante a déclaré à BFMTV que "toute la soirée, ils n'ont pas mis le panneau 'pont fermé'".

"J'étais inquiète. J'ai vu quelques voitures passer et faire demi-tour et après dans la soirée, je me suis dit: 'c'est quand même très dangereux", a-t-elle ajouté.

"A 23 heures, les panneaux directionnels ont été posés par les services du conseil départemental du Gard pour indiquer que la chaussée était inondée", "donc il y avait une interdiction de passage dès 23 heures", a de son côté affirmé Frédéric Loiseau, secrétaire général de la préfecture du Gard. La famille a tenté de traverser le pont vers 23h30, et à 23h45 "la barrière fermant physiquement la chaussée" a été installée, a-t-il précisé. Ce lundi, la préfecture rapportait 14 routes coupées et 21 ponts submersibles fermés.

Des infrastructures dangereuses en cas de crue

Car en cas de montée des eaux, un véhicule léger peut très rapidement être emporté alors qu'il est engagé sur ce genre de pont.

"Lors d'une crue exceptionnelle, ils peuvent être inondés avec des courants importants, ce qui peut embarquer les véhicules. À partir de 20 centimètres d'eau, un véhicule léger est susceptible de flotter", a expliqué sur BFMTV Patrick Colombel, cofondateur des Architectes de l'urgence.

"Il ne faut pas beaucoup d'eau pour déstabiliser un véhicule" et "lui faire perdre son adhérence sur une voie de circulation", a aussi souligné ce lundi sur BFMTV le lieutenant-colonel Éric Agrinier, chef de la communication des sapeurs-pompiers du Gard.

En 2014 déjà, des épisodes pluvieux dans le Sud-Est avait entraîné la mort de quatre personnes qui se trouvaient à bord de voitures emportées sur des ponts submersibles dans le Gard.

La vigilance de mise

Sur notre antenne ce lundi, le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France Éric Brocardi a appelé la population à ne "jamais minimiser les risques" ou "braver des interdits" devant les dangers que peuvent comporter les ponts submersibles.

Le Gard et six autres départements avaient été placés samedi en vigilance orange par Météo-France en raison de la dépression Monica. Le niveau orange est le troisième sur une échelle de quatre et appelle le public à être "très vigilant", en raison de "phénomènes dangereux prévus". Il est notamment recommandé d'éviter de se déplacer ou de s'approcher des cours d'eau.

Malgré la répétition des messages de précaution, "nous déplorons toujours des comportements (...) dangereux, d'abord pour les personnes qui s'exposent, dangereux également pour les personnes dont le devoir est d'aller leur porter secours", a souligné la préfecture du Gard, estimant qu'un tel épisode ne s'était pas produit dans le département depuis une dizaine d'années. Cinq départements sont toujours en vigilance orange crues (Charente-Maritime, Gironde, Pyrénées-Atlantiques, Yonne et Puy-de-Dôme), selon le bulletin de Météo-France de ce lundi 10 heures.

Article original publié sur BFMTV.com