INFOGRAPHIE. Migrants: plus de 26.000 migrants morts ou disparus en Méditerranée depuis 2014

Un phénomène continu. Alors que le naufrage d'un bateau de migrants a fait au moins 78 morts mercredi au large de la Grèce, ce tragique accident rappelle à quel point la traversée de la Méditerranée est meurtrière pour nombre d'entre eux entre embarcations surchargées et bateaux de fortune.

Depuis 2014, le nombre de naufrages de bateaux occupés par des migrants reste très élevé. La Méditerranée centrale est devenue ces dernières années la voie de passage la plus meurtrière pour les candidats à l'asile.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a ainsi recensé plus de 56.000 morts de migrants dont 33.700 par noyade en près de dix ans. Ces chiffres ne prennent pas en compte le statut juridique du migrant. Difficiles à collecter, ils sont probablement sous-estimés.

De nombreux candidats à l'asile européen

La plupart des migrants décédés ont perdu la vie en tentant de rejoindre l'Europe, comme le détaille le graphique ci-dessous. Ce dernier permet, via un menu déroulant, de consulter le nombre de morts par continent en fonction du lieu de découverte du corps.

Parmi les candidats à l'asile, nombre d'entre eux cherchaient à rejoindre l'Europe, avec un pic notable en 2016. Cette année-là, au moins 5201 personnes ont perdu la vie en tentant d'effectuer la traversée en direction du Vieux continent. Il s'agit du plus lourd bilan enregistré dans cette région du monde, alors que les tentatives de traversées avaient pourtant été bien plus nombreuses en 2015.

Cette augmentation soudaine s'explique à la fois par "l'utilisation par les passeurs de navires de moins bonne qualité, (les) aléas du temps et (les) tactiques utilisées par les passeurs pour éviter d'être détectés par les autorités", indiquait en 2016 un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), William Spindler, lors d'un point presse.

La pandémie du Covid explique largement la baisse du nombre de morts enregistrés en 2020 partout dans le monde, les déplacements étant exceptionnellement limités en cette période.

La voie entre l'Afrique du Nord et l'Italie très fréquentée

Sans surprise, la traversée la plus meurtrière est celle de la mer Méditerranée. 2406 personnes se sont noyées dans ses eaux rien que pour l'année 2022, un chiffre inédit depuis 2017.

Au total, depuis 2014, 26.912 migrants se sont noyés dans la mer Méditerranée, selon l'OIM, soit plus de la moitié de l'ensemble des décès recensés.

Le nombre de morts est nettement plus élevé en Méditerranée centrale, avec 21.277 morts dans cette zone dont au moins 1400 pour la route reliant l'Afrique du Nord à l'Italie avec plus de 800 d'entre eux retrouvés au large des côtes libyennes.

Le premier trimestre 2023, le plus meurtrier depuis 2017

Le premier trimestre 2023 le plus meurtrier depuis 2017 montre que la voie centrale est celle privilégiée par les migrants, avec des bonds notables en 2015 (3149 décès) et surtout en 2016 (4574 décès), contre quelques centaines dans le même temps dans les autres régions.

L'OIM déplore par ailleurs dans un rapport paru mardi un "nombre accru d'incidents mortels après le départ de bateaux du Liban vers la Grèce et l'Italie" avec au moins 174 morts pour l'année 2022.

Pour l'année 2023, les chiffres provisoires ne laissent pas espérer une tendance à la baisse. Le premier trimestre 2023 s'avérait déjà le plus meurtrier depuis 2017 avec 441 morts recensés, selon l'OIM. Depuis, le naufrage au large de la Grèce a fait monter les chiffres.

Le nombre de migrants traversant le centre de la Méditerranée vers l'Union européenne a "plus que doublé" en 2023 par rapport à l'an dernier pour la même période, souligne ce vendredi l'agence européenne Frontex.

Article original publié sur BFMTV.com