Les infirmières libérales dans la rue pour des augmentations tarifaires

Manifestation des infirmières libérales pour exiger plus de reconnaissance et une revalorisation face à l'inflation à Paris, le 4 avril 2024 (Mehdi FEDOUACH)
Manifestation des infirmières libérales pour exiger plus de reconnaissance et une revalorisation face à l'inflation à Paris, le 4 avril 2024 (Mehdi FEDOUACH)

"Valletoux, lâche les sous !": plusieurs centaines d'infirmiers et infirmières libérales ont manifesté jeudi à Paris à l'appel d'un collectif et de deux syndicats pour demander notamment la revalorisation de leur tarif de base, inchangé depuis 2009.

En blouse blanche, sous des capes de pluie, les manifestantes ont défilé entre la place de la Bastille et le ministère de la Santé dans une ambiance assourdissante, entre musique, chants et cornes de brume. "Se saigner pour soigner, jusqu'à quand ?", "Valletoux, lâche les sous", affichaient leurs pancartes.

"Pendant le Covid, on nous disait qu'on jouait un rôle pivot" permettant le maintien à domicile, rappelle Alexandra Veyret, l'une des deux co-présidentes du collectif des "Infirmiers libéraux en colère" à l'origine de la manifestation. Mais après, "on a disparu des radars" et avons été "oubliés du Ségur de la Santé", qui a revalorisé les salaires à l'hôpital.

Aujourd'hui, pour "gommer l'inflation", les infirmières --profession majoritairement féminine-- sont contraintes d'enchaîner les patients et sont parfois amenées à choisir de pratiquer certains actes plutôt que d'autres, a-t-elle décrit, assurant toucher 8,83 euros pour une prise de sang à domicile.

"On fait une centaine de kilomètres par jour, c'est fou ce qu'on dépense en essence", lance dans le cortège Sophie Brière, 39 ans et infirmière dans l'Yonne depuis 12 ans. "Dans notre région on manque beaucoup de médecins" et "on compense, mais on n'est pas remerciés ni valorisés", ajoute-t-elle.

"Le départ à la retraite est trop tardif, 67 ans, ce n'est pas possible pour moi", explique aussi Philippe Vivien, 63 ans, qui touche environ "2.000 euros par mois", "pas plus que lorsqu'il travaillait à l'hôpital" comme aide-soignant.

La "brique" de base de la tarification des soins infirmiers (AMI, 3,15 euros) est inchangée depuis 2009. Seules des revalorisations ponctuelles ont eu lieu depuis. L'Assurance maladie a revalorisé de 25 centimes à 2,75 euros l'indemnité forfaitaire de déplacement, s'ajoutant aux frais kilométriques et identique depuis 2009.

Elle a aussi réformé les tarifs forfaitaires de soins journaliers pour les personnes dépendantes, ce qui représente, selon l'Assurance maladie, "un investissement de 700 millions d'euros" sur 2019-2024.

Après un sit-in, les représentants du collectif organisateur, les "infirmiers libéraux en colère", et du Sniil, troisième organisation représentative du secteur qui soutenait le mouvement, ont été reçus par le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux.

"Ça s'est bien passé. On est satisfaits d'avoir pu échanger directement avec lui", a salué la co-présidente du collectif Gaëlle Cannat.

"Il n'y a plus d'argent dans les caisses pour nous augmenter. Mais il nous a promis que nos revendications seraient rapidement analysées par un groupe de travail, auquel on participera", a-t-elle ajouté.

Les deux autres syndicats représentatifs, la FNI (Fédération nationale des infirmiers) et Convergence Infirmière, n'ont pas appelé à manifester mais réclament eux aussi l'ouverture urgente de négociations tarifaires. La France compte environ 100.00 infirmières et infirmiers libéraux.

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