Avec “Industry”, succombez aux charmes de l’incompréhensible jargon de la finance

La deuxième saison de la série anglo-américaine Industry est diffusée en France par OCS depuis le mardi 2 août. Après avoir subi une implacable sélection, puis un bizutage non moins rude dans la brillante saison 1 (2020), les jeunes recrues de la banque d’affaires londonienne (fictive) Pierpoint n’ont pas le loisir de se reposer. Ils doivent à présent naviguer en plein Covid-19 et trouver les opportunités qui permettront à leurs clients, leur société et eux-mêmes de s’enrichir grassement en pleine crise.

On a plaisir à retrouver la galerie de personnages menée par Harper (Myha’ la Herrold), Yasmin (Marisa Abela) Robert (Harry Lawtey) et Eric (Ken Leung), la tension et le suspense propres à un univers de requins ou encore des scènes de sexes aussi explicites que judicieusement amenée.

Mais selon le site culturel Vulture (qui dépend du New York Magazine), cette coproduction HBO/BBC Two a un autre atout dans sa manche :

“Ce qui distingue réellement ‘Industry’ en tant que série sur la richesse et le pouvoir – et spécialement sur les combines et autres sournoiseries qui engendrent cette richesse et ce pouvoir –, c’est la qualité de ses dialogues et son univers sonore.”

“Une verve dépourvue d’objectifs explicatifs”

Au contraire des termes juridiques ou médicaux, fait remarquer la critique de Vulture, le jargon de la finance est peu répandu dans les séries. C’est pourquoi il semblera à peu près incompréhensible aux béotiens (dont elle se revendique), par exemple quand Harper demande à un client s’il a besoin de conseils pour ses placements en devises, dans une tirade truffée de termes techniques. En outre, une série policière ou hospitalière est souvent pourvue d’enjeux tangibles, comme un suspect qui finit en prison ou un patient, à la morgue. “La verve enlevée d’‘Industry’ est pour sa part tout aussi dépourvue d’objectifs explicatifs et pédagogiques qu’elle est détachée de toute réalité concrète et immédiate.”

Toute la force de l’œuvre est d’en avoir pris son parti, juge la critique. Et d’immerger ainsi le spectateur dans un monde à part grâce à son environnement sonore. “Loin d’être décourageante, cette opacité linguistique ajoute au charme de la série. Lorsque les personnages sont soumis au stress de la salle des marchés, ‘Industry’ rend leur tension palpable : partout des voix se font entendre, décrochant le téléphone et murmurant quelque chose avec toute la détresse de celui qui sent le sol se dérober sous ses pieds.”

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :