En Indonésie, des entreprises de plantation utilisent le feu pour défricher à moindre coût

“Ça brûle dans les concessions”, titre Koran Tempo. Le quotidien affiche en une l’image d’un homme massif en costume noir et col blanc contemplant, l’air satisfait, les dernières braises d’une forêt ravagée par le feu.

Iqbal Damanik, responsable de la campagne forestière de Greenpeace Indonésie, a déclaré à Koran Tempo que son agence avait cartographié “la présence de 126 146 foyers entre le 1er juillet et le 3 septembre 2023, répartis dans tout l’archipel, principalement sur les îles de Sumatra et de Kalimantan, la partie indonésienne de Bornéo. Et 27,5 % de ces foyers se trouvent dans des zones de concessions.”

En collaboration avec d’autres associations de la société civile indonésienne, le militant s’appuie sur les données de Brin Fire Hotspot, l’Agence nationale de recherche et d’innovation, et sur les analyses d’images satellite.

Pendant des décennies, les incendies de forêt en Indonésie étaient imputés aux communautés dayaks de Kalimantan, qui pratiquaient la culture sur brûlis. En 2015, après des feux qui ont détruit 2,6 millions d’hectares, cette technique agricole ancestrale a été interdite par le gouvernement. Aujourd’hui, il apparaît clairement que ce sont les conglomérats d’huile de palme et de plantation forestière qui pratiquent en toute impunité le défrichement par le feu, pour des motifs bien différents.

La protection des écosystèmes

Selon Iqbal Damanik, les feux se multiplient dans les zones de tourbière devenues critiques depuis que les entreprises ont construit des canaux d’évacuation des eaux. Elles sont pourtant officiellement tenues de maintenir le niveau hydraulique à une profondeur inférieure à 40 centimètres.

Wahyu A. Perdana, directeur de campagne de l’organisation Pantau Gambut, confirme cette augmentation des incendies dans les tourbières, alors que le gouvernement s’est engagé dans un vaste programme de protection de ces écosystèmes prisés pour leur haute capacité à stocker le carbone.

“Nous avons découvert trois sociétés de palmiers à huile soupçonnées d’avoir délibérément défriché des terres dans ces zones de tourbières en allumant des incendies. Mais le ministère de l’Environnement n’a pris aucune mesure contre elles”, a déclaré Wahyu au quotidien.

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