“Indignation collective” au Maroc après un procès pour viol sur mineur

Le 20 mars, le tribunal de première instance de Rabat jugeait les violeurs présumés d’une fillette de 11 ans dans la ville de Tiflet, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Deux des trois accusés ont été condamnés à dix-huit mois de prison ferme et six mois avec sursis, le troisième a écopé de deux ans de prison ferme, rapporte le site d’information marocain Le Desk.

Violée à de multiples reprises sur une longue période, la petite fille a été mise enceinte et a accouché d’un garçon. Un test ADN est venu établir “la filiation parentale [d’un des] mis en cause, sans contraindre ce dernier ni à la reconnaissance du nouveau-né ni au versement d’une pension”.

Les condamnations sont légères, observe Le Desk. Elles sont inférieures aux dispositions du Code pénal dans ce type d’affaires – prévoyant cinq à dix ans de prison pour détournement de mineur et dix à vingt ans lorsqu’il s’agit d’attentat à la pudeur avec violence à l’égard d’un mineur. Les magistrats ont fait état de “circonstances atténuantes” liées notamment aux “conditions sociales de chacun des prévenus” et à “l’absence d’antécédents judiciaires”.

“Les violeurs ont tué son innocence et son enfance”

“Le jugement n’a fait que remuer le couteau dans la plaie, témoigne le père de la victime dans un reportage de la chaîne de télévision marocaine Medi 1. Les violeurs ont tué son innocence, son enfance, sa famille. Quand l’enfance est violée, toute la famille est violée.

Pour les défenseurs des droits et des associations comme l’Insaf (Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse, partie civile au procès), le verdict est “scandaleux”. Ils appellent à une réforme en profondeur du système pénal marocain, peu dissuasif, jugent-ils, lorsqu’il s’agit de crimes sexuels. Un rassemblement a été organisé le 5 avril devant le Palais de Justice de Rabat :

Dans une lettre ouverte adressée au pouvoir judiciaire, la coalition “Printemps de la dignité” s’insurge contre un verdict qui “approfondit le sentiment d’injustice et d’exclusion du droit à la justice”. Elle plaide pour une révision du “pouvoir discrétionnaire” du magistrat, qui peut choisir la peine plancher malgré la gravité des actes.

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