En Inde, Modi obligé de réagir après la vidéo d’une agression de deux femmes devenue virale

Narendra Modi s’exprime le 20 juillet 2023 après les violences et l’agression de deux femmes dans le Manipur.
Narendra Modi s’exprime le 20 juillet 2023 après les violences et l’agression de deux femmes dans le Manipur.

INTERNATIONAL - « Cela fait honte à toute la nation. » Le Premier ministre indien Narendra Modi s’est exprimé jeudi 20 juillet après la diffusion d’une vidéo montrant une foule faisant défiler deux femmes nues au Manipur, État du nord-est du pays où des violences ethniques ont fait au moins 120 morts.

Sur les images, deux femmes marchent complètement nues dans une rue, moquées et harcelées par une foule. Tripotées, malmenées, elles sont entourées d’hommes en fusil d’assaut. D’après RFI, l’une d’elles est ensuite violée hors caméra.

La vidéo aurait été filmée début mai mais est devenue virale sur les réseaux sociaux seulement mercredi en raison des coupures d’Internet. D’après la BBC, une troisième femme hors champ aurait été agressée au même moment.

« L’incident de Manipur est une honte pour n’importe quelle société civilisée », a estimé Narendra Modi auprès de journalistes. S’exprimant également pour la première fois sur les affrontements qui ont éclaté en mai, le chef du gouvernement indien a déclaré que son « cœur est rempli de douleur et de colère ».

Des violences entre Meiteis et Kukis

La vidéo de cette agression illustre le regain de violences dans le Manipur après que la justice locale a rendu une décision recommandant un statut plus favorable aux Meiteis, garantissant notamment des quotas d’emplois publics et d’admissions dans les universités aux membres de cette communauté majoritaire et principalement hindoue.

Cette hypothèse a ravivé de vieilles craintes des Kukis (principalement chrétiens) de voir les Meiteis (hindous) également autorisés à acquérir des terres dans des zones qui leur sont actuellement réservées. Des maisons et des églises ont été brûlées au cours de ces violences, et des dizaines de milliers de personnes ont fui vers des camps gérés par le gouvernement.

Les femmes Kuki dans la vidéo ont déclaré au site d’informations The Wire que la police était présente sur place mais ne les a pas aidées. Le gouvernement de l’État de Manipur, mené par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP), a assuré enquêter sur l’incident, et un homme a été arrêté jeudi pour viol en réunion.

La Cour suprême menace d’intervenir

L’opposition à New Delhi avait critiqué Narendra Modi pour son silence après les évènements à Manipur. Elle demande aussi la démission du gouvernement local tenu par le parti du Premier ministre, le BJP.

Pour le juge en chef de la Cour suprême d’Inde, D. Y. Chandrachud, les violences infligées aux deux femmes sont « tout simplement inacceptables ». « Si le gouvernement n’agit pas, nous le ferons », a-t-il promis, selon des propos rapportés par le site d’informations juridiques Bar and Bench.

Le Parlement européen a appelé la semaine dernière les autorités indiennes à « mettre fin rapidement aux violences ethniques et religieuses » dans l’État de Manipur, estimant que ces violences ont déplacé au moins 50 000 personnes et détruit plus de 1 700 logements.

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