En Inde, les femmes violées «devraient se taire et se laisser faire»

Commémorations à New Delhi le 16 décembre 2013, un an après le viol de Jyoti Singh, morte de ses blessures.

L’un des violeurs condamnés à mort après le décès d'une étudiante en 2012 a tenu des propos atterrants sur la place de la femme dans la société indienne.


Les femmes qui se font violer sont responsables de ce qui leur arrive : c’est l’avis de Mukesh Singh (photo AFP), l’un des accusés du viol en réunion commis dans un bus à New Delhi en 2012 et ayant causé la mort de la jeune Jyoti Singh.

Agée de 23 ans, l’étudiante en médecine était montée dans un bus avec son ami après une soirée au cinéma. Elle avait alors été violée puis passée à tabac par six hommes, dont Mukesh Singh, le chauffeur du véhicule. Quelques jours plus tard, elle succombait à ses blessures, suscitant en Inde une vive émotion et une vague de manifestations.

20% de femmes «décentes»

Considérant que l’incident avait «choqué l’opinion publique», le juge en charge de l’affaire avait emprisonné l’un des agresseurs, mineur à l’époque des faits, et condamné à mort les cinq autres. Mais Mukesh Singh, qui décline toute responsabilité, a fait appel de ce verdict. Pour lui, les femmes sont responsables de leur sort lorsqu’elles sortent le soir, provoquant ainsi volontairement les hommes. «Une femme décente ne traîne pas dehors après 21 heures. Les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Les femmes sont faites pour le ménage et les travaux domestiques, pas pour traîner dehors à faire des mauvaises choses et porter des mauvais vêtements. Environ 20% des femmes sont décentes», affirme le prisonnier depuis sa cellule, lors d’une interview accordée à la BBC pour un documentaire diffusé prochainement.

Selon lui, Jyoti Singh serait coupable de sa propre mort. «Lorsqu’une femme se fait violer, elle ne devrait pas se défendre. Elle devrait se taire et se laisser faire. Dans le cas de Jyoti, ils l’auraient relâchée après "se l’être faite" et ils auraient juste tabassé son copain.» L’accusé n’hésite pas non plus à donner son avis sur la condamnation à mort des violeurs qui, pour lui, ne fera qu’envenimer la (...)

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