Incidents OM-OL: Quatre questions sur les zones d'ombre du caillassage du bus de l'OL

Incidents OM-OL: Quatre questions sur les zones d'ombre du caillassage du bus de l'OL

Près de 48 heures après les sombres événements de dimanche soir à Marseille avant l’Olympico face à Lyon au stade Vélodrome, qui ont entraîné l’annulation de la rencontre de la 10e journée de Ligue 1, les questions sans réponse sont encore nombreuses pour tenter de faire la lumière sur ce qu’il s’est passé et expliquer comment la soirée a tourné au cauchemar aux abords de l’enceinte phocéenne.

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Le bus des joueurs de l’OL a-t-il pris le bon trajet ?

S’il faut habituellement une dizaine de minutes aux équipes visiteuses pour rallier le stade Vélodrome, le car des Gones a mis 35 minutes pour arriver à destination. Pourquoi un tel retard ? Malgré des travaux dans la zone, il existe des itinéraires possibles pour aller au stade. Le premier passe par le boulevard Schloesing et les rues Maguy Roubaud, Teisseire et Ray Grassi. L’autre emprunte la place de la Pugette pour rejoindre les rues Teisseire et Ray Grassi. Dans les colonnes de La Provence, la préfète de police des Bouches du Rhône a confirmé que le second a été choisi “parce qu’on avait repéré un groupe constitué devant le McDonald’s de Schloesing”.

“Il n’y a pas 10 000 itinéraires afin que les bus rallient le Vélodrome, il y en a deux principaux qui sont choisis en fonction de la physionomie, des conditions de circulation”, a ajouté Frédérique Camilleri auprès du Parisien. “À la différence de pas mal d’autres stades, les bus circulent à proximité de beaucoup de personnes. On a tout fait pour essayer d’élargir au maximum les périmètres de sécurité. Le risque zéro n’existe pas sur une dizaine de kilomètres d’escorte et nous avons accompagné les bus, fait du renseignement.”

L’escorte des bus lyonnais était-elle suffisante ?

Deux voitures et deux motos étaient chargées d’escorter le bus des joueurs de l’hôtel jusqu’au stade. Pour les bus des supporters, Frédérique Camilleri a indiqué que des motards, des agents de la compagnie départementale d’intervention et des CRS étaient également missionnés.

“Ils ont d’ailleurs empêché, en étant blessés pour certains, la confrontation entre les Marseillais qui avaient caillassé et les Lyonnais qui étaient parvenus à descendre des bus et qui voulaient en découdre, notamment à coups de batte de baseball (...) Le bus des joueurs a été caillassé à 500 m du stade, avant d’arriver dans les zones les plus sécurisées. Cela a duré quelques secondes, le bus ne s’est pas arrêté et a pris la direction du stade. Pour les bus des supporters, les choses sont différentes : les bus se sont arrêtés, les supporters sont descendus et les forces de l’ordre se sont interposées entre les Lyonnais et les Marseillais.”

Y avait-il une défaillance dans le dispositif de sécurité ?

Comme expliqué par RMC Sport, 465 policiers étaient déployés dimanche soir. La Provence indique que la préfète de police avait demandé cinq unités de forces mobiles en plus des effectifs de la DDSP 13 (Direction départementale de la Sécurité, ndlr). Or, il n’y en avait que quatre, donc 70 gendarmes ou CRS de moins que prévu. Pourtant, le procureur de Marseille Nicolas Bessone a estimé lundi qu’”aucun élément” ne va dans le sens d’une “défaillance dans le système de sécurité”.

Il a confirmé qu’aucune personne n’a - à ce stade - été interpellée pour le jet de projectiles qui a touché Fabio Grosso. Deux interpellations ont toutefois eu lieu dans le cadre de l'enquête sur l’attaque des cars des supporters lyonnais. Un premier individu est suspecté d’avoir jeté une pierre, tandis que le deuxième a été vu en train de lancer un fumigène en direction du véhicule. Dans les deux cas, les individus interpellés reconnaissent leur responsabilité mais assurent qu’il s’agissait d’une riposte. Une troisième enquête concerne les supporters lyonnais pour injures à caractère racial et provocation à la haine raciale.

À qui la faute ?

Le caillassage des bus lyonnais ayant eu lieu aux abords du stade Vélodrome, l’OM ne peut être tenu responsable d'un débordement qui a eu lieu sur la voie publique, et sous la responsabilité des autorités publiques, au premier rang desquels la préfecture des Bouches-du-Rhône. Mais Frédérique Camilleri ne l’entend pas de cette oreille. “Ce sont les personnes qui ont jeté les projectiles, cela me paraît assez clair. Ce sont eux les coupables. Je n’essaye pas de me défausser, mais la vraie chose, c’est que des gens ont pris des bouteilles de bière pour les jeter sur des bus. Ces gens ont été violents, c’est une évidence qu’il faut rappeler”, explique-t-elle au Parisien.

De son côté, Gérald Darmanin a pointé du doigt la responsabilité des clubs."Dans le monde du football, on sait qu’il y a des hooligans ou des personnes extrêmement violentes qui ont été interdites de stade et qui doivent comprendre que la violence n’a pas sa place. J’espère qu’il y aura des sanctions administratives et sportives. Ce sera à la Ligue de football (LFP) de les mener. Des sanctions pour les clubs? C’est aux clubs de gérer leurs supporters. Et j’espère que nous aurons de la justice des peines de prison les plus importantes possibles pour pouvoir condamner ces supporters qui gâchent la fête de tout le monde", a confié le ministre de l'Intérieur sur RMC et BFMTV ce lundi.

Contactée par RMC Sport, la LFP, par l’intermédiaire de son directeur général Arnaud Rouger, affirme collaborer “parfaitement tout au long de la saison avec tous les services de l’Etat concernés”. “Les incidents ont eu lieu à 500 m du stade. Cela ne relève pas de notre responsabilité. Pour autant, comme pour chaque incident, nous sommes aux côtés de l’Etat et nous soutenons pleinement les déclarations de Gérald Darmanin qui demande une plus grande fermeté de la justice à l’égard des auteurs de ces actes d’une particulière gravité.”

Qu’en est-t-il du match OM-OL sur le plan sportif ? La Commission des compétitions va se réunir dès jeudi pour traiter la question. Si le report du match se confirme, il faudra trouver une date. Avec la trêve internationale de novembre et le fait que l’OM a des matchs de coupe d’Europe le jeudi, il y a une seule semaine sans match avant Noël et la date du mercredi 6 décembre est la seule possibilité crédible pour un report avant la fin de l’année 2023 et des matchs aller. Pour l’OM, ce serait entre OM-Rennes et Lorient-OM. Pour l’OL, ce serait entre Lens-OL et OL-Toulouse.

Article original publié sur RMC Sport