Incidents OM-OL : "J'ai cru que j'allais vraiment mourir", le témoignage glaçant d'un supporter lyonnais, qui décrit aussi les dérapages racistes

Un supporteur de l'Olympique lyonnais a raconté pour l'After Foot sur RMC sa version des incidents en marge du déplacement à Marseille lors de la dixième journée de Ligue 1. Du caillassage des cars des Gones aux insultes racistes dans la tribune visiteurs, un témoignage édifiant sur cette soirée.

Incidents OM-OL : "J'ai cru que j'allais vraiment mourir", le témoignage glaçant d'un supporter lyonnais, qui décrit aussi les dérapages racistes

Victime d'un guet-apens avant d'arriver au stade Vélodrome, le car de l'Olympique lyonnais a subi de sérieux dégâts dimanche soir. Touché au visage et contraint de se voir poser 12 points de suture, Fabio Grosso n'a pu tenir sa place sur le banc des Gones et l'Olympico a finalement été reporté à une date ultérieure. Invité de RMC en début de semaine, un supporteur de l'OL a raconté comment les cars des fans rhodaniens avaient aussi été attaqués aux abords de l'enceinte phocéenne.

"On arrive dans cette fameuse rue qui est en travaux et donc avec des cailloux et des gros pavés partout. On voit ça et on se dit qu’on est morts. J’était un peu plus dans le fond et j’ai vu que le premier car c’était fait attaquer et que c’était déjà le bordel. On était à l’arrêt donc clairement on ne pouvait rien faire", a expliqué Clément dans l'émission l'After Foot sur RMC. "Si on descendait on était morts donc on est restés dans le bus. On reste dans le bus et on se fait caillasser de tous les côtés, vraiment de tous les côtés. On se protège tous et on ne peut strictement rien faire. Cela dure au moins 30 secondes. Personnellement j’ai cru que j’allais mourir ou que j’allais recevoir un caillou dans la tête. Ce n’étaient même pas des cailloux mais bien des gros pavés. Des vitres de mon bus ont pété et franchement il y a eu quelques blessés mais heureusement rien de grave. Mais quelqu’un aurait pu mourir."

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"J'ai cru que j'allais vraiment mourir"

Après ce premier caillassage, les cars de supporters de l'OL ont finalement pu accéder au stade Vélodrome. Mais là encore, ce témoin privilégié de la scène a raconté comme plusieurs centaines d'ultras de l'OM les attendaient cagoulés et armés pour en découdre.

"Il y a eu trois déplacements organisés, celui par les Bad Gones, celui par le Virage Sud de Lyon 1950 et celui organisé par OL Voyages donc par les sympathisants du club. 30 secondes plus tard, la route s’est débloquée. On est passés en trombe même si on se faisait encore caillasser de tous les côtés. On est arrivés dans une petite rue, cela s’est plutôt bien passé. Juste avant d’arriver sur le parvis Ganay on a un vu cordon de CRS qui bloquait les supporteurs marseillais, qui eux nous insultaient mais sans débordement", a encore indiqué ce fan lyonnais de 23 ans. "Là on est rentrés sur la petite route à droite du parvis de Ganay pour rejoindre le parking souterrain. Là, j’ai cru que j’allais vraiment mourir. Les vitres avaient déjà pété donc un fumigène dans le bus c’était très facilement possible, un pétard dans le bus c’était possible. C’était vraiment le chaos. Nous on est arrivés et on a vu facile 300 Marseillais cagoulés à deux ou trois mètres de nous. Le cortège était encore arrêté. Ils nous attendaient clairement."

Et d'ajouter sur cette arrivée houleuse au Vélodrome: "Et même, j’ai vu des policiers de la police municipale de Marseille nous faire des doigts d’honneur. Je les ai vus de mes propres yeux, je ne sais pas si vous vous rendez compte. Franchement déjà, j’ai des amis de Marseille qui m’ont dit: 'Pourquoi ils vous ont fait passer par cette route-là'. Surtout à cette heure-là, à 19h30 quand tout le monde va au stade. Surtout à Marseille quand c’est un soir d’ambiance. Il faisait beau, les gens allaient manger autour du stade et ils voient des Lyonnais…Excusez-moi mais bien sûr qu’ils vont les attaquer. Il y avait aussi des groupes qui avaient prévu de nous attaquer parce que je l’ai vu cagoulés et avec des barres de fer à la main, fumigènes, pétards…tout. Des affrontements physiques? Non! Mais on ne peut pas parce que si nous on descend du bus, on est morts."

Des comportements "à vomir" dans la tribune visiteurs

Après avoir démenti un quelconque affrontement physique avec les supporteurs de l'OM, ce fan de l'OL a ensuite abordé l'autre point noir de cet Olympico: les débordements dans la tribune visiteurs. De nombreuses images ont été relayées sur les réseaux sociaux après l'annulation du match de la dixième journée de Ligue 1. Des comportements clairement racistes.

"Il y avait des Marseillaise à répétition, 20 ou 30 fois La Marseillaise alors que de base on la chante une à deux fois par match, maximum. Il y avait des drapeaux français à foison. J’ai vu des saluts nazis, des quenelles", a poursuivi Clément sur RMC. "J’ai entendu des 'musulmans de merde', des 'sales arabes' et des 'bandes de bougnoules'. Par exemple quand quelqu’un est descendu sur la pelouse, il y a des centaines de personnes qui disaient: 'Ah oui, encore un bougnoule. Cela va faire un bougnoule en moins'. Vous voyez. Ils se sont clairement lâchés."

Et ce supporteur lyonnais de préciser: "Déplacement par les Bad Gones, un déplacement par OL Voyages et un déplacement par Lyon 1950. Ces mecs-là étaient dans le bus de Lyon 1950. (Ils ont dit qu’il faisait le ménage) Pourtant ces mecs-là étaient dans le bus de Lyon 1950, dans le premier bus du cortège. Personne n’a rien dit dans la tribune parce qu’ils sont majoritaires, ils sont plus. Si quelqu’un ouvre sa bouche, il se fait tuer."

"A Marseille, pour ces Lyonnais, ce n’est pas la France mais c’est l’Algérie et c’est l’Afrique"

Après avoir regretté l'absence de cordon sanitaire dans les rues de de Marseille pour encadrer l'arrivée du déplacement des supporteurs de l'OL, ce fan a pointé du doigt le manque de réactivité à l'intérieur du stade.

"Les stadiers ils étaient dépassés. Nous on est rentrés à 20h dans le stade et les stadiers n’étaient pas en place. Franchement c’est parti super vite. C’est parti super vite parce que déjà, le fait de s’être fait attaquer juste avant, il y avait de la frustration. Ils ont répondu dans les tribunes, ils se sont clairement lâchés", a encore pesté Clément lors de son passage dans l'After Foot. "En une demi-heure j’ai tout vu. De base quand il y a une insulte raciste, c’est un cas isolé. Là non, c’était la moitié du virage."

Et cet intervenant de conclure son message en expliquant la signification de certains gestes perçus dans la tribune lyonnaise: "Il y a eu le geste avec les passeports et les saluts nazis. Le drapeau français normalement, c’est pendant les matchs de Coupe d’Europe où on représente la France en Europe. Contre Marseille, il a une signification spéciale car à Marseille le drapeau français est interdit, je crois qu’il était interdit. A Marseille, pour ces Lyonnais, ce n’est pas la France mais c’est l’Algérie et c’est l’Afrique. Ils voient Marseille comme ça. Clairement quand ils vont à Marseille, pour eux, ils ne sont pas en France. D’où les drapeaux français, d’où les slogans 'Bleu-Blanc-Rouge et la France aux Français' et ces chants. Il a dû y avoir cinq ou six chants pour l’OL mais le reste c’étaient des insultes racistes. Je préfère dénoncer la réalité des choses et dire la vérité pour espérer qu’un jouer cela s’arrêtera."

Article original publié sur RMC Sport

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