Incendies à Hawaï : Joe Biden critiqué pour son hommage aux victimes

Le président américain est arrivé lundi soir à Hawaï, où des incendies ravageurs ont fait au moins 114 morts. Tentant de réconforter une population qui critiquent le manque de réaction des autorités, Joe Biden a évoqué son histoire personnelle, ce qui n'a pas été du goût de ses opposants.

Deux semaines après le début d'une série d'incendies dévastateurs sur l'archipel d'Hawaï, Joe Biden a voulu endosser un rôle de "consolateur en chef" en se rendant sur l'île de Maui, où au moins 114 personnes sont décédées dans les feux les plus meurtriers qu'ont connus les États-Unis depuis un siècle.

Le président américain, déjà visé plus ou moins directement par les critiques sur la gestion des incendies au sens large par les autorités, s'est vu reprocher par l'opposition républicaine d'avoir mobilisé son histoire personnelle de façon inappropriée.

"Je connais ce sentiment qu'ont beaucoup d'habitants"

"Nous sommes avec vous, aussi longtemps qu'il le faudra, je le promets", a lancé Joe Biden lors de sa première prise de parole publique à Lahaina, ville martyre des incendies.

Il a assuré que l'État fédéral accompagnera les efforts de reconstruction "en s'assurant que vos voix sont écoutées, que vos traditions sont respectées". "Nous reconstruirons comme le voudront les habitants de Maui", a-t-il insisté, alors que la population locale s'inquiète du possible rachat de terrains sur l'île par des promoteurs désireux d'y construire des résidences onéreuses.

Joe Biden a également survolé en hélicoptère les zones d'Hawaï dévastées avant de rencontrer des familles, des secouristes et des responsables locaux.

Le président démocrate de 80 ans, qui a prononcé un court discours auprès d'un arbre centenaire emblématique de la ville de Lahaina, ex-capitale du royaume d'Hawaï, a voulu y voir un symbole: "Le feu ne peut pas atteindre ses racines. Voilà ce qu'est Maui. Voilà ce qu'est l'Amérique."

Alors que le bilan du désastre, aujourd'hui de 114 morts, pourrait encore s'alourdir, Joe Biden a convoqué, comme souvent en de pareilles occasions, son expérience personnelle du deuil, en rappelant qu'il avait perdu sa première épouse et leur fille encore bébé dans un accident de la route en 1972.

"Je connais ce sentiment qu'ont beaucoup d'habitants de cette ville, ce sentiment de vide dans la poitrine, qui vous aspire comme dans un trou noir", a-t-il assuré.

"J'ai failli perdre ma femme, ma Corvette 67 et mon chat"

Dans une deuxième prise de parole, il a évoqué l'incendie qui a brûlé une partie de sa maison après un incendie en 2004: "Je ne veux pas comparer les difficultés, mais nous avons une petite idée, Jill [son épouse, NDLR] et moi, de ce que c'est que de perdre une maison".

À l'époque, l'agence Associated Press, citée ce mardi par FoxNews, avait relaté l'événement, évoquant un "petit incendie qui a été limité à la cuisine" par les pompiers, et ce en une vingtaine de minutes.

"Pour faire court, j'ai failli perdre ma femme, ma Corvette 67 [une voiture de collection, NLDR] et mon chat", a ajouté le président.

En 2021, Joe Biden avait déjà évoqué cet incendie, expliquant que sa maison avait "complètement brûlé avec [sa] femme à l'intérieur", mais qu'elle "s'en était sortie grâce à Dieu". Il vantait alors son plan de rénovation des infrastructures, qui permettait notamment d'assurer que les pompiers puissent intervenir sur un incendie.

Défiance face aux manquements des autorités

Le président américain, qui a fait de la compassion son grand marqueur politique, s'est vu reprocher par l'opposition républicaine de ne pas s'être suffisamment exprimé publiquement sur la catastrophe, en particulier quand le bilan s'est considérablement alourdi il y a une semaine.

Dans une vidéo publiée le 14 août sur son réseau social, Truth, Donald Trump a estimé qu'il était "honteux" que le président américain "refuse d'aider ou de commenter la tragédie de Maui", après que Joe Biden ait coupé court à une question d'un journaliste sur la situation à Hawaï.

À Maui, alors que son convoi longeait des habitations calcinées, certains habitants brandissaient des pancartes de soutien à l'ancien président Donald Trump, ou insultant le président démocrate.

La Maison Blanche rappelle avec insistance qu'il lui a fallu à peine une heure pour déclarer, le 10 août, un état de catastrophe naturelle majeure à Hawaï, à la demande des autorités locales. Ces derniers jours, Joe Biden a multiplié les messages de soutien et les promesses d'aide fédérale. Le démocrate a par ailleurs nommé un coordinateur fédéral pour les travaux de reconstruction, qui s'annoncent titanesques.

Un millier de personnes n'ont pas encore été localisées, dont une partie pourrait venir alourdir le bilan des victimes décédées alors que l'incendie est déjà le plus meurtrier depuis plus d'un siècle aux États-Unis. La réponse des autorités locales a suscité de l'amertume à Hawaï.

La visite présidentielle se déroule quelques jours seulement après la démission du chef de l'agence de gestion des crises de Maui, accusé de ne pas avoir fait retentir les sirènes d'alarme. Pris de court, certains habitants s'étaient jetés à la mer pour échapper aux flammes.

"Est-ce que j'aurais aimé que les sirènes retentissent? Bien sûr", a déclaré dimanche le gouverneur Josh Green, tout en expliquant qu'elles n'étaient "historiquement" pas utilisées pour des feux, mais pour les tsunamis et les ouragans. Environ 85% de la zone touchée a été couverte par "une armée" de secouristes et chiens renifleurs, à la recherche de corps dans les décombres, a déclaré dimanche Josh Green.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - "Nous sommes avec vous": à Hawaï, Biden tente de réconforter une communauté meurtrie