Incendies à Hawaï: interrogations autour des sirènes d'alerte qui n'ont pas retenti

La peur et la détresse ont fait place à la colère à Maui. Moins d'une semaine après le début des incendies violents qui ont fait au moins 96 morts sur cette île de l'archipel d'Hawaï, selon derniers les chiffres de la police donnés dimanche soir, les autorités sont la cible de critiques nourries de la part des habitants, qui ne comprennent pas pourquoi les sirènes d'urgence de l'île n'ont pas été actionnées.

Les circonstances de ces incendies fulgurants, dont la cause n'est pas encore connue, restent floues. Ils ont en tout cas pris nombre d'habitants par surprise.

Des sirènes qui auraient pu faire la différence

"Vous voulez savoir quand on a su qu'il y avait le feu? Quand il est arrivé devant la maison (...). La montagne brûlait derrière chez nous et on nous a dit que dalle!", s'est agacée Vilma Reed, qui n'a reçu ni alerte, ni ordre d'évacuation.

Alors que les incendies ravageurs se rapprochaient des habitations, notamment dans la ville de Lahaina, les puissantes sirènes, utilisées notamment pour les tsunamis, sont restées muettes. Personne ne sait s'il s'agissait d'une défaillance technique ou d'une décision des opérateurs. Les alertes officielles à la télévision et la radio, elles, étaient hors de portée pour les résidents privés d'électricité.

Les téléphones, précieux relais d'information pour les autorités dans ces crises, n'ont pas pu toujours aider, faute de réseau. Selon des habitants, l'avertissement habituellement envoyé en cas de danger météorologique ou d'alerte enlèvement n'a pas retenti sur leurs appareils.

Danger "sous-estimé"

Une enquête a été ouverte par la procureure générale de l'État américain sur les circonstances de l'incendie, notamment les décisions prises par les autorités. Le gouverneur d'Hawaï Josh Green a par ailleurs ordonné un examen approfondi des mesures d'urgence prises à la suite des incendies de forêt.

La députée de Hawaï Jill Tokuda a déjà reconnu que les autorités avaient "sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu". Mazie Hirono, sénatrice démocrate de l'archipel, a quant à elle déclaré sur CNN ne pas vouloir "chercher à trouver des excuses pour cette tragédie".

"Personne ne l'a vu venir. C'est tout", a estimé le responsable de la police de Maui, John Pelletier.

Comme le relève TF1-LCI, plusieurs médias américains expliquent le manque de réactivité des autorités par le fait qu'elles étaient occupées à prendre en charge un autre incendie plus important à Kula, au centre de l'île de Maui.

Seuls 3% de la zone examinés par les chiens renifleurs

De nombreux facteurs ont contribué à la dangerosité extrême de ces feux, par exemple la présence de végétaux qui brûlent très facilement, un ouragan au sud-ouest de l'île de Maui qui nourrissait des vents très violents, ou un hiver anormalement sec.

Les recherches sont toujours en cours pour identifier les corps retrouvés. Seules deux identités de personnes décédées avaient été confirmées dimanche, les secours expliquant que les dépouilles étaient fortement calcinées et donc difficiles à identifier. Ils ont à ce titre appelé les proches des disparus à effectuer des tests ADN pour permettre d'établir de potentielles parentés avec les victimes.

Selon John Pelletier, seuls trois pour cent de la zone incendiée ont été fouillés par les chiens renifleurs en quête de personnes disparues. De quoi laisser penser que le bilan provisoire de 96 décès pourrait être prochainement revu à la hausse.

Article original publié sur BFMTV.com