Illuminations de Noël : les mairies face au casse-tête de la sobriété énergétique

Cette année, les décorations de Noël installées en France risquent d’être un peu moins fournies et devraient durer un peu moins longtemps.
FREDERICK FLORIN / AFP Cette année, les décorations de Noël installées en France risquent d’être un peu moins fournies et devraient durer un peu moins longtemps.

ÉNERGIE - Réinventer l’enchantement. En coulisses, les mairies s’activent pour installer les traditionnelles illuminations de Noël qui viendront égayer la période des fêtes de fin d’année. Au programme : guirlandes lumineuses, sapins et autres décorations suspendues aux candélabres. Pourtant, les mairies sont divisées sur la méthode, au moment où la sobriété énergétique se pose sur toutes les lèvres.

Dans la continuité des mesures gouvernementales prises pour réduire la facture d’électricité cet hiver, les villes de France se sont rapidement alignées, optant notamment pour des illuminations plus épurées et sur des horaires plus courts, quitte à s’équiper en matériel moins énergivore sur le long terme.

Le sapin brillera, mais moins longtemps

Plusieurs villes de France ont choisi d’adapter les horaires d’éclairage des illuminations. La période de Noël sera donc moins fastueuse que par le passé, notamment à Strasbourg, pourtant autoproclamée « capitale de Noël ». Inauguré le 25 novembre, le marché de Noël jouera la carte de la sobriété, mais pas celle de l’austérité. « Nous avons diminué de 20 % les illuminations gérées par la Ville, explique Pierre Ozenne, adjoint à la maire EELV, ce qui devrait représenter une baisse de 10 % de la consommation en électricité ».

En revanche, dès 20 heures, extinction des feux complète pour les éclairages extérieurs des 300 chalets qui composent le célèbre marché. Quant au gigantesque sapin de la capitale alsacienne, il brillera de mille feux pendant les fêtes, mais pas en continu : « La cathédrale sera éclairée jusqu’à 1 h du matin et les illuminations du grand sapin diminueront entre 23h et 1h, avant d’être éteintes entre 1h et 5h », précise l’adjoint.

Même initiative 600 km plus à l’ouest. Maire d’Argentan, dans l’Orne, Frédéric Leveille explique au HuffPost pourquoi il a fait le choix de « maintenir les illuminations cette année ». Outre « l’attractivité pour notre territoire, nos calculs ont montré que nos dépenses s’élevaient à 400 euros sur un mois », une somme qui sera facilement recouverte selon l’édile. S’il prévoit de gagner « une demi-heure le soir » et de se « passer d’éclairage le matin », Frédéric Leveille souhaite avant tout « conserver ce moment festif de Noël », surtout après avoir opéré une transition aux LED, finalisée l’an dernier. « Sobriété ne veut pas dire qu’il ne se passe plus rien », assume-t-il.

Mais beaucoup de mairies n’ont pas attendu les appels à la sobriété avant l’hiver 2022 pour emprunter la voie écologique. C’est le cas à Saint-Hilaire-de-Brethmas dans le Gard, où le maire de cette ville de 4 700 habitants, Jean-Michel Perret, confirme au HuffPost le virage pour passer à un éclairage 100 % LED. « Nous avons débuté la transition LED courant 2016. Une deuxième partie de nos équipements a été modifiée en 2020 pour atteindre le 100 % LED ». Il ajoute que cette année, « l’extinction interviendra plus tôt ».

Désormais, c’est aux habitants de la commune de choisir l’heure : « Nos décorations sont raccordées sur l’éclairage public (déjà converti à près de 60 % au tout LED) et nous attendons la consultation avec la population prévue dans les prochains jours pour déterminer l’heure d’extinction à cette période. Pour une décision comme celle-ci, je ne me voyais pas faire autrement », explique le maire, qui dit s’attendre à une forte affluence lors de cette consultation citoyenne.

Le « zéro déco », un geste de solidarité

Si plusieurs villes se donnent pour mission de conserver une ambiance festive à cette période de l’année, certains maires ont décidé de prioriser l’énergie pour leurs habitants, quitte à abandonner pour un temps les traditionnelles décorations de fin d’année. Et même si les illuminations n’occupent généralement qu’une petite partie de la facture annuelle en électricité.

Malgré les idées reçues, les décorations lumineuses de Noël ne font pas gonfler la facture de manière disproportionnée. « C’est 0,2 % sur la facture annuelle d’une commune » en électricité, avance Julien Arnal, président du Syndicat de l’éclairage auprès de l’AFP.

Près de la Forêt de Brocéliande, Ronan Coignard, maire de Concoret assume sa décision. Dans cette commune de moins de 1 000 habitants, l’ambiance de Noël s’annonce très sobre, mais c’est pour la bonne cause : « En toute honnêteté, la sobriété énergétique c’est une chose, mais nous avons surtout pris cette décision par solidarité envers les gens qui pourraient rencontrer des problèmes d’électricité cet hiver ».

« Rien n’est acté pour le moment, mais je pense que nous suivrons la même logique les prochaines années, puisque les choses ne vont pas aller en s’arrangeant ». Toutefois, le maire de Concoret a un plan pour conserver l’ambiance de Noël, et ce, dès l’année prochaine. « Nous étions un peu trop justes cette année pour la mettre en place, mais l’idée sera d’installer des décorations diurnes au moment des fêtes ». Des décorations qui seront « évidemment dépourvues d’électricité », mais qui n’empêcheront pas Concoret d’être en fête.

Comme ici dans le Morbihan, les exemples se multiplient dans les communes de taille modeste : à Boussy-Saint-Antoine dans l’Essonne, à Quimperlé dans le Finistère ou à Béthune dans le Pas-de-Calais. Un « geste fort et frustrant », selon Olivier Gacquerre, édile de Béthune et de ses 25 000 habitants. Des économies utiles qui serviront à « maintenir la température dans les écoles et crèches de la ville », avance-t-il sur sa page Facebook.

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Car si l’Agence pour la transition écologique reconnaît que les LED « ont permis de faire baisser drastiquement la consommation » des villes, elle assure aussi que « toutes les actions qui visent à réduire les périodes d’illumination, l’intensité de celles-ci, le nombre de guirlandes, comptent », en cette période certes festive mais traversée par une tension électrique importante dans l’Hexagone.

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