Ignazio La Russa, "Raspoutine" post-fasciste, élu à la présidence du Sénat italien

Ce collectionneur de reliques fascistes devient le second personnage de l’État après le président de la République.

ITALIE - Amateur de reliques fascistes, Ignazio La Russa, le « Raspoutine » de l’extrême droite italienne, a été élu ce jeudi 13 octobre à la présidence du Sénat, devenant ainsi le second personnage de l’État après le président de la République.

L’analogie avec le célèbre guérisseur mystique russe, proche de la famille du dernier tsar russe Nicolas II, lui vient de ses jeunes années lorsqu’il arborait cheveux longs et barbe noire.

De tous les combats de la droite nationaliste italienne depuis la fin des années 1960, cet habile tacticien rompu aux rouages et roueries de la politique est un proche de la future Première ministre, avec qui il a créé le parti Fratelli d’Italia.

« Le Sénat a élu un patriote (...) Pour Fratelli d’Italia, c’est un ami et un frère », s’est félicitée Giorgia Meloni.

Ignazio La Russa, qui a pour second prénom celui de Mussolini, Benito, naît le 18 juillet 1947 à Paternò, près de Catane en Sicile, dans une famille de propriétaires terriens.

Son père, Antonino La Russa, qui fut secrétaire de la section locale du Parti national fasciste (PNF), sera élu après la guerre député puis sénateur du Mouvement social italien (MSI), un parti créé par des fidèles de Mussolini au sein duquel La Russa et Meloni feront leurs armes.

« Le MSI était le parti des vaincus de la guerre, mais leur grand mérite est de n’avoir jamais envisagé le terrorisme et la rébellion au détriment du choix démocratique », a-t-il expliqué au journal Il Corriere della Sera. « Bien sûr, ils revendiquaient un jugement différent sur l’Histoire, mais ils ont construit un parti on ne peut plus démocrate ».

Ministre sous Silvio Berlusconi

Sa famille s’installe quand il a 13 ans à Milan, la capitale lombarde où il réside encore aujourd’hui.

Pendant ses études, il milite dans l’organisation de jeunesse du MSI, est diplômé en droit et opte pour la profession d’avocat, comme son père.

À 38 ans, il obtient son premier mandat comme conseiller régional MSI de Lombardie.

À partir du début des années 1990, il est élu député sous les couleurs successivement du MSI, d’Alleanza nazionale après la dissolution du MSI, puis d’une coalition de droite dirigée par Silvio Berlusconi.

Il est nommé ministre sans portefeuille par Berlusconi au début des années 2000, puis à la Défense dans le gouvernement Berlusconi IV (2008-2011).

En 2009, il dénonce un arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme condamnant la présence de crucifix dans les écoles italiennes. En deuxième instance, l’arrêt est cassé et la jurisprudence italienne a depuis entériné le libre choix des établissements scolaires en retenant que le crucifix n’est « ni obligatoire, ni discriminatoire ».

Ministre de la Défense, il est crédité d’avoir convaincu Berlusconi de participer à la guerre en Libye, qui mit fin au règne de Khadafi.

Tout en réfutant la voie autocratique du régime mussolinien, Ignazio La Russa demeure systématiquement dans l’ambiguïté.

Statues et médailles de Mussolini

Lorsque son frère Romano, responsable de la Sécurité de la Région Lombardie, déclenche une polémique pendant la campagne électorale en faisant le salut « romain », apparenté à un rituel fasciste, aux funérailles d’un militant néo-fasciste, Ignazio regrette « une grave erreur ».

Avant de faire lui-même une sortie pleine d’équivoque quelques jours plus tard : « Nous sommes tous les héritiers du Duce », déclare-t-il à la télévision, « dans le sens où nous sommes les héritiers de nos parents et de nos grands-parents ».

Ce n’est pas sa première bravade sur le même thème. En février 2020, pour moquer les mesures de distanciation physique face à la pandémie de coronavirus, il publie sur son compte Twitter : « Ne tends la main à personne, la contamination est mortelle. Faites le salut romain, il est antiviral et antimicrobien ». Avant de retirer son message.

En 2018, Il Corriere della Sera visite son domicile milanais et filme sa collection de reliques fascistes, des statues et médailles de Mussolini, des photos et livres sur les Chemises noires, l’Italie coloniale, etc. Des images ressorties ces derniers jours sur les réseaux sociaux (à voir ci-dessous).

Il a une courte expérience de doublage dans un épisode des Simpson au début des années 2000, en prêtant sa voix très rauque au personnage de Garth, « un méchant sympathique », dit-il à l’époque comme s’il parlait de lui-même.

Ignazio La Russa a trois fils, auxquels il a donné des prénoms chrétiens associés aux noms de tribus ou glorieux guerriers amérindiens : Antonino Geronimo, Lorenzo Cochis, et Leonardo Apache.

Lire sur le HuffPost

Lire aussi

Matteo Salvini réintroduit "père" et "mère" sur les formulaires officiels en Italie

Giorgia Meloni furieuse après cette sortie d’une ministre française

VIDÉO - L'Union européenne scrute de près l'Italie, après la victoire de l'extrême droite