Norman Thavaud : huit femmes témoignent contre le youtubeur dans Libération

Norman Thavaud est le troisième youtubeur le plus suivi de France, avec près de 12 millions d’abonnés et 2,7 milliards de vues, derrière Cyprien (14,4 millions) et Squeezie (17,6 millions).
JOEL SAGET / AFP via Getty Images Norman Thavaud est le troisième youtubeur le plus suivi de France, avec près de 12 millions d’abonnés et 2,7 milliards de vues, derrière Cyprien (14,4 millions) et Squeezie (17,6 millions).

RÉCIT - La garde à vue de Norman Thavaud pour viol et corruption de mineurs, entamée lundi, a été levée mardi soir, sans poursuites pour le moment. Mais les témoignages contre le youtubeur de 35 ans, aux millions d’abonnés, font ou refont surface et s’accumulent. Dans Libération, huit femmes racontent l’emprise que le vidéaste aurait eu sur elles.

Âgées de 15 à 18 ans au moment des faits relatés, elles livrent des récits édifiants. Souvent, la même technique d’approche est décrite : des échanges au départ à l’écrit, par SMS, sur Messenger, ou Snapchat, où le youtubeur aurait usé de sa notoriété pour obtenir des photos dénudées ou des rendez-vous dans le but d’avoir des rapports sexuels.

Chantage affectif

Parmi elles, une fan québécoise, Maggie Desmarais, l’avait déjà publiquement accusé en 2020 de l’avoir manipulée à 16 ans pour obtenir des photos et vidéos intimes. Dans Libération, elle raconte comment ce qu’elle avait d’abord perçu comme une « idylle » avec Norman se serait rapidement transformé en chantage affectif.

« J’ai dû lui envoyer un striptease sur Snapchat et il l’a sauvegardé dans la discussion. Ça me rendait mal à l’aise, car je voyais la vidéo à chaque fois qu’on se parlait. Je lui ai demandé plusieurs fois de la supprimer, il ne l’a jamais fait », raconte-t-elle notamment au quotidien.

Si Maggie finira par ne jamais rencontrer Norman Thavaud, ce n’est pas le cas d’autres femmes ayant témoigné. Louise l’aurait par exemple rencontré lors d’une séance de dédicaces à la Fnac de Nancy, en avril 2015. Après des échanges virtuels, la jeune femme se rend à Paris pour un voyage avec son école. Norman lui aurait proposé de venir directement chez lui.

Selon son témoignage, la jeune fille se sent alors piégée, prétend avoir ses règles pour ne pas avoir de rapport sexuel avec lui, qui se fait très pressant. « J’ai commencé à lui faire une fellation, sauf qu’il forçait parfois sur ma tête pour que je reste. Puis il a insisté pour éjaculer sur mes seins et ma bouche. J’estime aujourd’hui avoir été violée », affirme-t-elle.

« J’étais tétanisée »

Zoé, alors âgée de 16 ans, affirme s’être retouvée dans des circonstances similaires dans un appartement parisien avec le vidéaste. Elle raconte dans Libération que, pour l’inciter à lui faire une fellation, il aurait adopté un comportement culpabilisateur. « Il m’a fait une minute de discussion à base de : ‘Tu ne m’aimes pas vraiment, je me demande pourquoi je t’ai fait venir sur Paris, tu m’as pris pour un con.’ J’étais tétanisée. »

Lors du rapport sexuel qui aurait suivi, il aurait enlevé son préservatif, alors qu’elle lui avait indiqué ne pas prendre de contraceptif. « Il m’a dit que la capote s’était percée, mais j’ai pourtant bien vu qu’elle ne l’était pas… Après, il m’a assuré avoir terminé dans les draps. Quand je me suis rendu compte que c’était faux, il m’a affirmé que c’était de la sécrétion vaginale. Il m’a dit d’aller prendre une pilule du lendemain à la pharmacie si ça pouvait me rassurer. Même si je ne suis pas tombée enceinte, je n’ai pas eu mes règles pendant les trois mois qui ont suivi à cause du stress. » Après ces rencontres, les jeunes filles indiquent n’avoir en général plus eu de nouvelles de Norman Thavaud.

En août 2018, Norman Thavaud avait été cité dans la vague #BalanceTonYoutubeur à la suite d’un tweet de Lucas Hauchard, alias Squeezie, le numéro 1 français sur la plateforme (17,6 millions d’abonnés à ce jour), dénonçant le comportement inapproprié de certains vidéastes qui «  profitent de la vulnérabilité psychologique de jeunes abonnées pour obtenir des rapports sexuels  ». Mais ces accusations étaient restées lettre morte.

Six femmes ont été entendues à ce jour par le parquet de Paris, qui mène une enquête préliminaire confiée depuis plusieurs mois à la Brigade de protection des familles (BPF) de Paris. Libération indique que les victimes présumées du youtubeur ont créé une association, les Audacieuses. Parmi les treize membres du groupe, toutes n’envisagent pas de collaborer avec la justice ou de s’exprimer dans la presse.

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