Hong Kong : Qui est Jimmy Lai, le magnat des médias pro-démocratie dont le procès s’est ouvert

Sur cette photo prise le 16 juin 2020, le magnat des médias pro-démocratie Jimmy Lai pose lors d’une interview avec l’AFP dans les bureaux de Next Digital à Hong Kong.
ANTHONY WALLACE / AFP Sur cette photo prise le 16 juin 2020, le magnat des médias pro-démocratie Jimmy Lai pose lors d’une interview avec l’AFP dans les bureaux de Next Digital à Hong Kong.

CHINE - C’est l’un des dissidents les plus célèbres de Hong Kong et l’une des bêtes noires de Pékin. Jimmy Lai, milliardaire pro-démocratie à Hong Kong, a vu son procès pour crimes contre la sécurité nationale s’ouvrir ce lundi 18 décembre. Alors que Washington et Londres appellent à sa libération immédiate, au grand dam de la Chine, il risque la prison à vie. Mais qui est-il ?

À 76 ans, Jimmy Lai, qui possède un passeport britannique, est le premier à avoir été accusé de « collusion avec des forces étrangères » en vertu de la drastique loi sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en 2020, un an après les grandes manifestations pro-démocratie. Arrivé lundi matin au tribunal de Hong Kong, c’était sa première apparition publique depuis 2021.

Il aime se présenter comme un « fauteur de troubles » et soutient depuis longtemps le mouvement démocratique de Hong Kong, réprimé en 2019. Son procès, qui doit se dérouler en audience publique au cours des 80 prochains jours, devrait permettre d’évaluer le niveau des libertés civiles à Hong Kong et l’indépendance de la justice vis-à-vis de Pékin.

Un « rebelle-né »

Né en Chine continentale, il est arrivé clandestinement à l’âge de 12 ans à Hong Kong, où il a travaillé dans des ateliers illégaux avant de fonder en 1981 ce qui deviendra l’empire international du textile Giordano.

Depuis les années 80, il s’affirme comme opposant politique, par le biais des médias qu’il a créés. Sa première publication, très critique de l’appareil chinois, sort peu après que les chars chinois ont été envoyés sur la place Tiananmen à Pékin en 1989 pour écraser les manifestations pro-démocratie.

Aujourd’hui, ses deux principaux titres, le quotidien Apple Daily et le magazine Next exclusivement numérique, sont extrêmement populaires à Hong Kong et mêlent sensationnalisme et reportages politiques percutants. Ils font partie des rares publications ayant ouvertement pris le parti des immenses manifestations pro-démocratie à Hong Kong en 2019.

Ce qui a valu à Jimmy Lai d’être qualifié de « traître » par les médias d’État chinois. Peu avant son arrestation en 2020, à l’AFP qui lui demandait pourquoi il ne profitait pas paisiblement de sa fortune, sans faire de bruit comme tant de magnats de Hong Kong, Jimmy Lai avait répondu : « Je suis peut-être un rebelle-né, peut-être que je suis quelqu’un qui, outre l’argent, a besoin de donner beaucoup de sens à sa vie ».

Son avocat étranger récusé

Un ensemble de règles différentes et plus strictes s’appliquent aux affaires de sécurité nationale. Pour assurer sa défense lors du procès, Jimmy Lai avait choisi Tim Owen, célèbre avocat britannique, spécialiste des droits humains. Mais Pékin a accordé de nouveaux pouvoirs au dirigeant de Hong Kong pour qu’il récuse les avocats étrangers dans les affaires liées à la sécurité nationale.

Le parlement pro-Pékin de la ville est allé plus loin en mai, en adoptant des lois exigeant des avocats étrangers une autorisation spéciale pour intervenir sur ce type de dossiers. Selon Reporters sans frontières (RSF), plus de 100 dirigeants de médias du monde entier ont cosigné une déclaration au début de l’année appelant à la libération de Jimmy Lai.

Dans un communiqué, le Comité pour la protection des journalistes a estimé vendredi que ce procès était « une parodie de justice » qui entache l’État de droit à Hong Kong.

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