Homophobie dans le football : la ministre des Sports et les associations réclament des sanctions

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Capture d’écran Twitter @AOC1978

HOMOPHOBIE - C’est un week-end noir dans les stades de Ligue 1. Lors de la 19e journée du championnat de France, disputée ce samedi 14 et dimanche 15 janvier, plusieurs actes homophobes de la part des supporters ont été relevés : des chants à Rennes et à Marseille et des banderoles insultantes à Montpellier. Des faits qui ont provoqué l’indignation de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, qui a réagi sur Twitter.

« Condamnation la plus ferme de ces images, de ces mots, de ces actes homophobes qui doivent disparaître des enceintes du football et du sport. Leurs auteurs doivent être identifiés, sanctionnés et tenus durablement à l’écart de nos stades » a-t-elle écrit, en taguant la Ligue de Football Professionnelle (LFP).

Alors que Montpellier est enlisé dans une série de mauvais résultats, ses supporters ont affiché ces banderoles pour exprimer leur mécontentement lors de la réception de Nantes (défaite 0-3). Avec des mots particulièrement déplacés, insultants et homophobes, que vous pouvez voir dans le tweet ci-dessus.

« Le message est clair : les homosexuels sont considérés comme des sous-hommes », dénonce Julien Pontes, le porte-parole du collectif Rouge Direct qui lutte contre l’homophobie dans le foot. La Fédération Sportive LGBT + a également réagi à cette banderole, estimant qu’elle « devrait être interdite ».

Une enquête ouverte

Une enquête a été ouverte ce lundi 16 janvier par le parquet de Montpellier pour « injures publiques à raison de l’orientation sexuelle », « introduction, détention et usage de fusée ou d’artifice dans une enceinte sportive » et « jet de projectile présentant un danger pour la sécurité des personnes », a indiqué à la mi-journée le parquet de Montpellier dans un communiqué, selon l’AFP.

Le club de Montpellier a également réagi en condamnant « avec la plus grande fermeté les propos homophobes tenus sur certaines banderoles ». « Ce genre de propos ne peut être toléré » malgré le « contexte sportif compliqué », a-t-il ajouté en précisant qu’il entendait rechercher lui-même les responsables : « Des investigations sont en cours et des plaintes seront déposées le cas échéant ».

Mais ce n’était malheureusement pas le seul incident homophobe du week-end. Lors du choc Rennes-PSG, remporté par les Bretons, certains supporters Rennais se sont fendus d’un « Paris, Paris, on t’encule ! » Un chant très répandu dans les stades et contre lequel Julien Pontes estime qu’« il n’y a pas de frein ». « Le virilisme et la haine des gays sont en roue libre », déplore-t-il.

L’homophobie tue

Mais pour lui, les mots les plus graves du week-end ont été entendus à Marseille, au stade Vélodrome. Face à Lorient, certains supporters de l’OM ont entonné : « Il faut les tuer, il faut les tuer, il faut tuer ces PD de Lorientais » comme vous pouvez l’entendre dans le tweet ci-dessous.

Julien Pontes estime que ce chant « relève de l’incitation à la haine et de l’appel au meurtre ». Dans un communiqué de presse, le collectif Rouge Direct liste les fois où ces paroles ont été entendues. En mai 2022, par exemple, en amont d’un OM-OL. Ou lors d’un OM-PSG en 2021.

Qui plus est, ce chant intervient alors que le suicide de Lucas, 13 ans, harcelé au collège à cause de son homosexualité affirmée, est venu rappeler que l’homophobie tuait réellement. « C’est la suite logique de ce dénigrement des homosexuels », regrette Julien Pontes avant d’ajouter : « Le harcèlement homophobe, dans la communauté, on l’a tous subi. Le suicide de Lucas nous a tous touchés. Il serait temps de monter l’exemple dans le football qui est un sport qui a beaucoup d’influence chez les jeunes. »

Changer les choses

La leçon de ce week-end pour Julien Pontes ? « Ça doit s’arrêter car l’homophobie tue. » Il réclame « des sanctions et un signalement au procureur de la part de la LFP » contre l’Olympique de Marseille. « La sanction a aussi une vertu pédagogique et marque les esprits. Si la LFP a le courage de sanctionner l’OM, de façon sérieuse et dissuasive, alors ça peut marquer profondément des millions de consciences. Pour zéro euro », explique-t-il. D’après l’AFP, la LFP a prévu d’étudier les incidents de Montpellier lors de la prochaine réunion de la commission de discipline, prévue ce mercredi 18 janvier.

Pour Julien Pontes, il faut trois choses pour que les mentalités changent : « Un plan d’action précis de prévention avec un calendrier, des moyens humains et un bilan. Puis, il faut sanctionner quand il y a des faits d’homophobie. » Dernière chose : il faut que des joueurs professionnels du championnat de France prennent la parole pour soutenir cette cause.

Il tacle alors les instances du football français : « Il faut acter l’échec accablant de la LFP dans la prévention de l’homophobie dans le football. » Le porte-parole de Rouge Direct rappelle que Noël le Graët, président de la Fédération Française de Football aujourd’hui mis en retrait de ses fonctions, « s’était vanté d’être un des leaders pour ne pas autoriser le brassard One love au Qatar ». Au vu des récentes actions des instances, ce qui s’est passé ce week-end est pour Julien Pontes « dramatiquement logique ».

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