Histoire : la part du mensonge dans le discours officiel

Au Ve siècle avant J.-C., un bouillonnement politique embrase Athènes, qui met en place un système démocratique, inédit. Celui-ci peine à convaincre car, sur l’Olympe, s’est penché un dieu maléfique : le mensonge. Socrate redoute la démagogie, qui empêcherait la recherche de la vérité, quand son élève Platon souligne les dangers du langage, dans lequel le mensonge peut agir comme un sortilège. Malgré les réserves des penseurs, le système traverse les époques. En 2 500 ans, le sortilège décrié s’est fortifié avec l’entrée dans la modernité, comme l’analyse Sarah Maza, professeur d’histoire à l’université Northwestern : "Les sociétés sont devenues plus égalitaires sur le plan politique avec le triomphe du suffrage universel, mais leur complexification a mis hors de portée le savoir requis pour participer en politique." L’électeur est une proie facile, comme l’écrivit avec malice Jonathan Swift dans L’Art du mensonge politique, en 1733 : "Il faut plus d’art pour convaincre le peuple d’une vérité salutaire que pour lui faire croire une fausseté salutaire."

En 1945, le général de Gaulle va user de ce que l’historien Jean-Pierre Azéma qualifie de "mensonge patriotique". La France est alors au bord de la guerre civile, tiraillée entre vichystes, communistes et gaullistes. "Il fallait convaincre les Français qu’ils avaient résisté et qu’ils se dissimulassent à eux-mêmes la vérité", analysera dans les années 1950 le philosophe Raymond Aron. Peu importe si oui ou non "Paris s’est libérée (...)

(...) Cliquez ici pour voir la suite