Henry Kissinger, le pape de la diplomatie, est mort

Le diplomate Henry Kissinger, ici lors d'une interview à New York en 2021, est mort à l'âge de 100 ans, mercredi 29 novembre 2023.  - Credit:MIHO IKEYA / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP
Le diplomate Henry Kissinger, ici lors d'une interview à New York en 2021, est mort à l'âge de 100 ans, mercredi 29 novembre 2023. - Credit:MIHO IKEYA / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

Il a mené à sa main, pendant plus de vingt années, la politique étrangère de l'Amérique, avec une vision bien à lui des rapports de force, une méthode diplomatique très pragmatique et une finesse non dénuée de cynisme. Un art de la négociation très particulier qui tranchait avec la classique doctrine de prosélytisme et d'apostolat démocratique des États-Unis héritée de la présidence Wilson. Son concept a été résumé d'un mot qui restera la marque du talent d'Henry Kissinger : « Realpolitik ».

Pendant les quarante années qui ont suivi son retrait officiel des affaires, il a été sollicité pour ses conseils par la plupart des présidents qui se sont succédé. Ce qui ne l'a jamais empêché de déplorer haut et fort certaines actions, qu'il critiquait lorsque ses recommandations n'avaient pas été suivies. Ou que les locataires de la Maison-Blanche ne lui avaient pas demandé son avis.

L'opération « Marco Polo »

Quand il était professeur à Harvard, il était jalousé de ses pairs parce qu'il avait réussi à se faire à la fois un nom et un carnet d'adresses parmi les futurs grands de ce monde. Cet activisme géopolitique lui a permis de ne pas perdre de temps quand il a quitté la vie universitaire et est entré à la Maison-Blanche en janvier 1969. Dès son arrivée dans l'équipe de Richard Nixon nouvellement élu, il est le stratège qui connaît les bons canaux et saisit le moment pour que la Chine de Mao et les États-Unis reprennent un dialogue interrompu depuis la victoire des [...] Lire la suite