Henry Kissinger, le diplomate “le plus influent d’Amérique”, est décédé

Figure incontournable de la politique américaine, Henry Kissinger est décédé mercredi 29 novembre à l’âge de 100 ans “dans sa maison du Connecticut”, a annoncé son cabinet de conseil Kissinger Associates. L’ancien secrétaire d’État de Richard Nixon et Gerald Ford fut certainement “le diplomate le plus influent d’Amérique”, résume Politico.

“Seule personne à avoir été à la fois conseiller à la sécurité nationale et secrétaire d’État de la Maison Blanche, il a exercé un contrôle sur la politique étrangère américaine qui a rarement été égalé”, remarque le Washington Post.

Initiateur de la détente avec l’Union soviétique et le dégel des relations avec la Chine de Mao dans les années 70, Kissinger peut “être considéré comme en grande partie responsable des changements politiques de très grande ampleur qui ont réorienté le cours des affaires mondiales”, souligne le quotidien américain.

Avec le Vietnamien Le Duc Tho, le diplomate a aussi partagé le prix Nobel de la paix pour les négociations secrètes qui ont abouti à l’accord de Paris de 1973 et mis fin à la participation militaire américaine à la guerre du Vietnam. “Sa célèbre ’diplomatie de la navette’ [caractérisée par l’action d’une tierce partie servant d’intermédiaire entre différents belligérants d’un conflit] après la guerre du Moyen-Orient de 1973 a” par ailleurs “contribué à stabiliser les relations entre Israël et ses voisins arabes”, rappelle le Washington Post.

Un “héritage compliqué”

Mais la presse américaine, à commencer par le New York Times, pointe aussi unanimement du doigt “l’héritage compliqué” de l’ancien secrétaire d’État dont l’influence considérable “façonna l’histoire de la guerre froide”. “Peu de diplomates ont été à la fois célébrés et vilipendés avec autant de passion que M. Kissinger”, souligne le quotidien américain.

Car l’homme politique a vu son image ternie par des pages sombres de l’histoire des États-Unis : il a notamment soutenu le coup d’État de 1973 au Chili ainsi que l’invasion du Timor oriental par le président indonésien Suharto en 1975 qui entraîna la mort de 200 000 personnes. “Les militants des droits de l’homme” ont aussi “longtemps soutenu que Kissinger aurait dû être accusé de crimes de guerre pour son rôle dans la supervision des bombardements secrets du Cambodge et du Laos par l’administration Nixon au plus fort de la guerre du Vietnam”, note le Wall Street Journal. Les opérations militaires américaines ont tué des milliers de Cambodgiens et de Laotiens, selon les experts de l’Asie du Sud-Est, et ont par inadvertance contribué à amener le mouvement radical Khmer rouge au pouvoir à Phnom Penh.”

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