Henri Guaino contre les « somnambules »

Henri Guaino en 2019.  - Credit:Leemage via AFP
Henri Guaino en 2019. - Credit:Leemage via AFP

Quand, il y a quelques années, Henri Guaino mettait déjà en garde ses contemporains contre les travers d'un monde sans limites, il passait au mieux pour une cassandre, au pis pour un illuminé. Que diront de lui ses contempteurs d'hier devant le constat d'un monde en voie de reconfiguration, de sociétés polyfracturées et d'idéologies devenues folles ?

Longtemps, comme il l'écrit dans son nouvel essai, À la septième fois, les murailles tombèrent (Rocher), les élites ont vécu dans l'illusion que « ça tiendra » et le peuple, en dépit des colères, dans celle que « ça ira », entre déni et espérance. Du haut de leur tour de granit, « comme le roi de Jéricho » sur les bords du Jourdain, nos gouvernants ont ri en attendant les trompettes de Josué, malheureux qui aujourd'hui paraissent si impuissants devant les décombres.

« Les blessures invisibles »

« Nous risquons de payer cher de n'avoir attaché aucune importance à ce qui ne se voyait pas », écrit l'ancien conseiller spécial du président Sarkozy. Il parle ici de notre essence immatérielle : « C'est ce qui se passe dans le secret des consciences, c'est ce que l'homme refoule, ce sont les blessures invisibles […], c'est notre nature et la bête qui dort au fond de chaque être humain », détaille-t-il avec la crainte de voir cette noirceur libérée par le recul de la civilisation en tant que passé, horizon et réalité commune.

Partout est, selon lui, « la tentation de la table rase ». Celle de l'État par le management et l [...] Lire la suite