Hazanavicius balaie l'idée "fantasmée" d'une "omerta" sur les violences sexuelles dans le cinéma

Le réalisateur oscarisé de The Artist était auditionné devant la commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma.

Le cinéaste Michel Hazanavicius a balayé l'idée d'une "omerta" autour des violences sexuelles dans le 7e art, lors d'une audition lundi devant l'Assemblée nationale.

Le réalisateur oscarisé de The Artist ou de OSS 117 était auditionné en qualité de président de la Fémis, la prestigieuse école de cinéma française, devant la commission d'enquête créée sur le sujet par les parlementaires.

"L'explication un peu systématique de l'omerta dans le cinéma, (...) je la trouve un peu abusive et un petit peu fantasmée", a répondu Michel Hazanavicius au président de la commission. Le député Erwan Balanant (Modem) dressait un parallèle entre le cinéma et la Camorra, la mafia napolitaine.

Le mouvement de libération de la parole est "une révolution absolument majeure", a-t-il poursuivi. "Elle va à un rythme qui n'est pas du tout en train de traîner, mais en plus elle fait quasiment pas de faute, elle se fait quasiment sans violence et sans tête qui tombe. On n'est pas dans la terreur. On est dans quelque chose qui se fait de manière, très adulte, intelligente et remarquable", a salué Michel Hazanavicius.

"Quand on me dit ça va pas assez vite, je suis pas tout à fait d'accord", a-t-il cependant déclaré. "Les choses vont au seul rythme qui est acceptable, qui est le rythme des victimes, de la parole des victimes", dont il faut respecter la volonté de porter plainte ou non.

En tant que président du conseil d'administration de la Fémis, il a estimé que le rôle de l'école était d'expliquer aux étudiants qu'ils ne seraient "pas grillés dans le métier" s'ils rapportaient des faits d'agression: "je pense que ce sont des fantasmes", a-t-il souligné.

Michel Hazanavicius a également été interrogé par la rapporteure Francesca Pasquini (EELV) sur le choix initial de Gérard Depardieu pour interpréter l'une des voix de son film d'animation La Plus prestigieuse des marchandises, présenté en mai à Cannes, avant de finalement se séparer en 2023 de l'acteur, accusé de viols.

"J'assume complètement d'avoir en moi des choses qui peuvent paraître contradictoires", a déclaré le cinéaste. "J'ai effectivement fait le choix (en 2019) de faire appel à cet acteur avec qui je suis en désaccord sur beaucoup de choses, qu'elles soient politiques ou comportementales. On peut contester ce choix, mais je ne crois pas qu'il soit immoral, en tous les cas. Et en 2023, je me suis séparé de Gérard Depardieu (...) sa situation avait changé".

Article original publié sur BFMTV.com