La haute joaillerie, fer de lance de l’innovation ?

Chaque année, en juillet, Boucheron présente une collection Carte Blanche, qui permet à Claire Choisne de solliciter toutes les ressources de la recherche expérimentale. Baptisé « More is More », l’opus 2023 ressuscite la rébellion douce des artistes du mouvement Memphis en conjuguant trompe-l’œil, perspectives revisitées, défis à la gravité et matériaux inédits en haute joaillerie.  - Credit:DR

La joaillerie suscitait un certain désintérêt dans les années 1990. Puis, sous l’impulsion de maisons telles que Cartier et Van Cleef & Arpels, qui ont réédifié les savoir-faire et mis en place des collections thématiques, ce secteur est devenu le nouvel eldorado de l’industrie du luxe. Les CEO, tous groupes confondus, vantent désormais la croissance à deux chiffres d’un secteur où les marques étaient historiquement peu présentes, ce qui n’est plus tout à fait le cas désormais. « Il y a une vingtaine d’années, les marques représentaient entre 5 et 10 % du marché, aujourd’hui on est entre 25 et 30 % », observe Nicolas Bos, président de Van Cleef & Arpels.

Cette croissance s'est accélérée ces dix dernières années. D'une part, grâce à une demande stimulée par les marchés nouveaux – notamment l'Asie du Sud-Est – ou plus établis ; d'autre part, grâce au développement de l'offre et notamment grâce au fulgurant essor des collections de haute joaillerie. Ce terme, s'il n'a pas de définition précise, désigne communément les pièces uniques, dont le prix atteint de plus en plus aisément le million d'euros. La pandémie n'a pas bridé cette accélération, bien au contraire. En joaillerie mais surtout en haute joaillerie. Certains commentateurs y voient l'expression d'un attachement particulier, presque cathartique, envers une catégorie d'objets associée au vivre-ensemble ou interrogeant notre part d'éternité.

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