Harvey Weinstein jugé coupable à Los Angeles de trois agressions sexuelles

Former film producer Harvey Weinstein appears in court at the Clara Shortridge Foltz Criminal Justice Center in Los Angeles, California, on 04 October 2022. - Weinstein was extradited from New York to Los Angeles to face sex-related charges. (Photo by ETIENNE LAURENT / POOL / AFP)

L’ancien producteur a été déclaré coupable de seulement la moitié des chefs d’accusation pour lesquels il était poursuivi.

ÉTATS-UNIS - Verdict partagé pour Harvey Weinstein : l’ex-producteur déchu de Hollywood a été déclaré coupable ce lundi 19 décembre d’un viol et de deux agressions sexuelles au terme de son procès à Los Angeles, soit seulement la moitié des chefs d’accusation pour lesquels il était poursuivi.

Après deux semaines de délibération, les jurés l’ont estimé coupable de toutes les accusations portées par la première des quatre accusatrices. Ils l’ont déclaré non coupable concernant les accusations d’une deuxième femme, et n’ont pas formulé de verdict concernant les allégations portées par les deux autres.

L’ancien « roi » du cinéma de 70 ans, qui a produit de grands succès primés comme Pulp Fiction ou The Artist, purge déjà une peine de 23 ans de prison après sa condamnation à New York en 2020 pour des faits similaires.

Les enquêtes de presse qui avaient révélé ces faits ont provoqué #MeToo, mouvement mondial de libération de la parole des femmes sur les violences sexistes et sexuelles.

Au cours de ce nouveau procès, quatre femmes témoignant de manière anonyme ont accusé avec force détails le producteur de les avoir contraintes à des relations sexuelles dans des hôtels de Beverly Hills et de Los Angeles entre 2004 et 2013. Une cinquième a finalement refusé de témoigner.

Après des semaines d’audiences éprouvantes, souvent interrompues par les sanglots des plaignantes, l’accusation avait dépeint Harvey Weinstein comme un ogre tout-puissant, un « prédateur » dont la mainmise sur Hollywood - les films qu’il a produits ont reçu plus de 330 nominations aux Oscars et 81 statuettes - a longtemps empêché ses victimes de parler, par peur de répercussions sur leur carrière.

En costume gris ce lundi, l’ancien géant du cinéma a plongé la tête dans ses mains lorsque les déclarations de culpabilité ont été prononcées. Après ce verdict, un juge doit encore décider de la peine de Harvey Weinstein.

Pour les trois chefs d’accusation dont il a été jugé coupable, le septuagénaire encourt une peine pouvant aller jusqu’à 18 ans de prison. Un maximum qui pourrait être porté à 24 ans, en fonction de certaines circonstances aggravantes sur lesquelles le jury doit encore se prononcer.

Appel à New York

Le procureur de Los Angeles George Gascon a regretté la décision en demi-teinte des jurés. « Je suis bien sûr déçu que le jury ait été partagé sur certains des chefs d’accusation, mais j’espère que son verdict partiel apporte au moins un peu de justice aux victimes », a-t-il réagi dans un communiqué.

Le verdict de ce nouveau procès à Los Angeles était particulièrement important pour l’ex-producteur. Car après un refus initial de la justice, la Cour suprême de New York l’a finalement autorisé en août à faire appel de sa condamnation de 2020, une décision initiale qui avait constitué une victoire majeure du mouvement #MeToo.

Combative, sa défense a systématiquement mis en doute la parole des quatre accusatrices au cours du procès et a insisté sur le manque de preuves matérielles et d’éléments médico-légaux.

« Les larmes ne font pas vérité », avait ainsi lancé Alan Jackson, l’un des avocats du producteur, en fustigeant une accusation qui se « repose entièrement » sur la volonté du jury de croire les plaignantes.

La défense de Harvey Weinstein avait particulièrement incriminé Jennifer Siebel-Newsom, l’épouse du gouverneur de Californie Gavin Newsom, qui a révélé son identité au cours du procès.

Selon la défense, elle a eu une relation consentie en échange de faveurs à Hollywood, qu’elle a ensuite regrettée et transformée en accusations, en surfant sur l’avalanche de révélations visant Harvey Weinstein au début du mouvement #MeToo en 2017.

Un argumentaire qui a instillé le doute chez les jurés : Jennifer Siebel-Newsom fait partie des deux femmes pour lesquelles ils n’ont pas prononcé de verdict.

Au total, près de 90 femmes, dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, certaines remontant à 1977.

L’ex-producteur est également inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.

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