Haïti, Mexique ou encore Bénin : des rites funéraires venus d'ailleurs

Promener ses morts, les conserver près de soi, les parer, les donner à manger aux vautours… autant de pratiques qui nous paraissent tout à fait exotiques. Pourtant, elles partagent avec les funérailles à l'occidentale le même objectif : donner un sens à ce grand départ.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°211 daté octobre/ décembre 2022.

Le respect dû aux défunts semble tenir de la loi sacrée, du devoir intemporel. Pas de société humaine sans rites funéraires, pourrait-on affirmer. Ils semblent répondre à deux impératifs. Le premier est sanitaire : éloigner la menace incarnée par la putréfaction d’un corps inanimé. Le second, spirituel. Ritualiser la mort permet de l’inscrire dans un récit, parfois religieux, qui la rend plus acceptable en lui donnant un sens.

Aussi immuables qu'ils paraissent, ces principes se traduisent de façons variées selon les cultures. Si la préservation du corps reste capitale dans les religions monothéistes, la destruction de l'enveloppe charnelle est au contraire indispensable dans les rites bouddhistes tibétains, par exemple, pour prolonger le cycle des réincarnations. Quant au besoin universel de perpétuer le lien avec les disparus, lui aussi nourrit des formes de dialogue très différentes. Les Torajas d'Indonésie ou certains Boliviens conservent ainsi leurs proches, en tout ou partie, à leurs côtés. Ces passerelles entre deux mondes peuvent s'emprunter dans la joie, comme au Mexique, voire dans la dérision, comme en Haïti, comme pour mieux se jouer, peut-être, de ce qui nous attend tous.

Haïti : le respect de l'irrévérence

Les 1er et 2 novembre, les Guédés réveillent les cimetières haïtiens. Incarnés par des adeptes du vaudou, ces esprits de la Mort et de la Résurrection ne font pas dans la discrétion. Poudrés de blanc, vêtus de noir et de violet, chevauchant parfois leurs serviteurs, ils multiplient les poses lubriques au son du rara, une musique traditionnelle, profèrent des obscénités et s'enduisent le corps de rhum pimenté.

Indonésie : une présence palpable

Sur l'île de Sulawesi, en Indonésie, le peuple Toraja, largement chrétien aujourd'hui, reste fidèle à une vieille pratique animiste. Le temps de pouvoir financer les funérailles d'un défunt, celui-ci reste[...]

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