Hésitations, tensions et sensibilité: le film sur Gaza d'Aymeric Caron rassemble peu de députés

Sensibilité, peur d'une présence instrumentalisée ou besoin d'un retour au calme après une séance des QAG très agitée mardi 28 mai sur fond de conflit Israël-Hamas... Les parlementaires sont nombreux à avoir une bonne raison de ne pas assister ce mercredi 29 mai soir à la diffusion du film sur Gaza, réalisé par le député apparenté La France Insoumise, Aymeric Caron.

À ce stade, seuls une douzaine de députés ont confirmé leur présence à la diffusion de mercredi, selon nos informations.

"Foutaise. Prétexte. Lâcheté", a commenté le député sur X (ex-Twitter).

À titre de comparaison, ils étaient près d'une centaine lors de la projection sur les attaques du Hamas du 7 octobre diffusée par la majorité le 14 novembre à l'Assemblée nationale. Ce documentaire compilait des images prises par les autorités israéliennes.

Aucun député Renaissance ni LR ni Horizon

Selon les informations de BFMTV, parmi les députés qui vont participer à la projection, on trouve pour l'instant au moins 5 députés insoumis et deux Modem, mais aucun Renaissance, ni LR ni Horizons.

À notre micro, au sortir de la séance de Questions au Premier ministre, le socialiste Jérôme Guedj hésite encore, de peur que sa présence soit "instrumentalisée".

Il accuse aussi Aymeric Caron d'avoir pressé sans relâche ses collègues de participer à sa projection. "C'est insupportable cette mise au mur permanente", s'est-il agacé.

"Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas venir", lui a répondu sur notre antenne l'insoumis Thomas Portes, qui sera présent avec ses collègues François Piquemal, Idir Boumertit, Hendrix Davi et Rodrigo Arenas, selon nos informations.

La députée écologiste a indiqué également sa venue "car l'Assemblée nationale ne peut s'enorgueillir de lâcheté face au drame absolu des Gazaouis", a-t-elle indiqué sur X.

Corbière, ému aux larmes, ne vient pas

L'élu LFI Alexis Corbière, lui, passe son tour. Sur BFMTV, dans la matinée, il a été pris par l'émission lorsque le sujet a été abordé.

"Je pense que c'est un film à voir. Mais, moi à titre personnel, j'ai trois enfants, je supporte mal de voir des images d'horreur. Pardon, je suis ému en le disant", a répondu l'élu de Seine-Saint-Denis, la voix tremblante et presque au bord des larmes.

"Je ne me sens pas capable de voir les images", a également abondé en ce sens l'Insoumise Danielle Simonnet sur X.

Tous deux s'étaient abstenus de voir le film montrant les images du 7 octobre.

"On peut avoir des positions de fermeté, aller vers la paix, sans avoir besoin de voir les cadavres", a estimé quant à elle, l'écologiste Sandrine Rousseau.

Le député Antoine Armand explique lui à BFMTV qu'il ne s'y rendra pas non plus, tout comme il ne s'était pas rendu à celui sur les attaques du 7 octobre.

"C'est un choix évidemment personnel de vouloir supporter regarder des horreurs à ce point-là", a-t-il déclaré sur notre antenne mercredi après-midi.

Le président du groupe France-Palestine vient, la vice-présidente hésite

Au contraire, le président du groupe d'études France-Palestine Richard Ramos du Modem, qui ne s'était pas rendu à la projection du film des autorités israéliennes en novembre dernier, estime que celle-ci ayant eu lieu, il est "normal" de voir le film sur Gaza pour éviter "deux poids deux mesures".

Mais la vice-présidente apparentée Renaissance, elle, hésite. Favorable à la diffusion pour des raisons d'"équilibre", Mireille Clapot a expliqué à l'AFP qu'elle n'est "pas sûre de vouloir voir les images sur grand écran".

La députée du Rassemblement national, Katiana Levavasseur, Soumya Bourouaha et Jean-Victor Castor du groupe Gauche démocrate et républicaine ont, eux, répondu présent auprès de nos journalistes.

1h30 d'images de guerre "brutes"

Présentée à 19h15, cette vidéo agrège en une heure et trente minutes sept mois d'images de la guerre dans la bande de Gaza issus de "sources sures" sur les réseaux sociaux, indique Aymeric Caron à nos collègues de l'AFP.

Parmi elles, des journalistes palestiniens, des médias français et étrangers, l'armée israélienne, et des habitants gazaouis. Le député apparenté LFI revendique un travail d'"authentification" du contenu de son film. "Il n'y a aucune image du Hamas", assure-t-il.

Selon lui, les vidéos sont présentées "brutes", telles qu'elles ont été diffusées par leurs auteurs. Seul ajout de son équipe: des sous-titres et quelques mentions de dates et noms importants. Le film avance mois par mois depuis octobre, retraçant la progression de la guerre à Gaza.

Les images violentes ne sont pas floutées, précise le parlementaire-réalisateur.

"Notre subjectivité doit s'exprimer de manière minimale", revendique l'ancien journaliste, qui raconte avoir travaillé avec deux monteurs palestiniens habitant en France, une documentaliste et des locuteurs de l'arabe et de l'hébreu pour les traductions.

L'événement intervient au lendemain d'une séance très agitée à l'Assemblée nationale, au cours de laquelle l'insoumis Sébastien Delogu a brandi un drapeau palestinien dans l'hémicycle et a été exclu 15 jours, la sanction maximale, pour avoir provoqué du "tumulte".

Article original publié sur BFMTV.com