Guinée : « Traiter la cause de l’instabilité et pas seulement le symptôme »

Pour Mathias Hounpkè, la Cedeao et l'UA doivent aussi se réformer pour mieux anticiper les errements politiques et constitutionnels à l'origine des coups d'État.  
Pour Mathias Hounpkè, la Cedeao et l'UA doivent aussi se réformer pour mieux anticiper les errements politiques et constitutionnels à l'origine des coups d'État.

Malgré la destitution de l?ancien président Alpha Condé par une junte militaire en Guinée, il serait malvenu d?annoncer l?aube d?une nouvelle tendance de coups d?État militaires en Afrique de l?Ouest. L?instabilité récurrente est limitée à une poignée d?États (Mali, Guinée et Guinée-Bissau), et non aux seize pays de la région, qui ont des dynamiques internes différentes. En revanche, ce qui représente une tendance réelle et inquiétante, c'est l?inaction constante quant à la prévention des conditions qui déclenchent ces coups d?État.

Le délit de magouille constitutionnelle

L?ancien président Condé, qui était autrefois une force positive pour le changement politique et économique du pays, a terni son bilan par une corruption et un autoritarisme grandissants. La goutte d?eau qui a fait déborder le vase a été un acte flagrant de « magouille » constitutionnelle permettant au dirigeant de 82 ans de briguer un troisième mandat, suivi par l?organisation d?une élection manifestement frauduleuse en octobre 2020. Il est donc inquiétant, mais peu surprenant, que les forces armées aient été accueillies par une foule en liesse lorsqu?elles ont traversé la capitale Conakry après avoir arrêté Condé le 5 septembre.

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Des délais de transition trop courts

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