Guerre Ukraine-Russie : les six mois du conflit coïncident avec une date très symbolique

KYIV, UKRAINE - AUGUST 21: A boy wrapped in Ukrainian national flag holds a Ukrainian national flag as he stands on top of a Russian military vehicles displayed in the downtown area on August 21, 2022 in Kyiv, Ukraine. On August 24, Ukraine celebrates its 1991 declaration of independence from the USSR. Wednesday also marks six months since Russia launched its large-scale invasion of Ukraine. Scores of burnt-out Russian military vehicles were left around Kyiv after its failed attempt to seize the Ukrainian capital in the first month of the war. (Photo by Alexey Furman/Getty Images)

Alexey Furman / Getty Images

Un enfant brandit le drapeau ukrainien sur un char russe exposé dans Kiev, en amont de la fête nationale d’Ukraine le 24 août 2022.

UKRAINE - « J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale. » Le 24 février dernier, cette déclaration du président russe Vladimir Poutine a bouleversé l’Europe et le monde. Ce mercredi 24 août, la guerre en Ukraine entre dans son sixième mois. Une date symbolique qui coïncide avec un autre événement majeur en Ukraine : la fête nationale, célébrant son indépendance de l’URSS.

Face à cette concomitance des dates, Kiev craint une attaque d’ampleur. « La Russie pourrait s’efforcer de faire quelque chose de particulièrement dégoûtant, particulièrement cruel » le 24 août, a alerté le président Volodymyr Zelensky dans un message publié sur les réseaux sociaux quelques jours avant ladite date. Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence, a aussi partagé ses inquiétudes : « [Les Russes] nous détestent et tenteront d’augmenter (...) le nombre de bombardements de nos villes, dont Kiev, avec des missiles de croisière. »

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L’angoisse est d’autant plus forte du côté ukrainien que pour certains Russes, et le premier d’entre eux Vladimir Poutine, la nostalgie de la grandeur de l’URSS reste vive. En décembre dernier, quelques semaines avant l’invasion de l’Ukraine, le maître du Kremlin avait qualifié la chute de l’URSS de « désintégration de la Russie historique ». En 2005, l’ancien membre du KGB l’avait déjà appelée la « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ».

Un « simulacre de procès » pour les combattants d’Azovstal ?

Or, l’indépendance de l’Ukraine constitue une étape clé dans la dislocation de l’Union soviétique. Au début des années 1990, l’URSS est en pleine déconfiture depuis la chute du mur de Berlin. Pour restaurer l’autorité de Moscou dans le bloc de l’Est, des communistes conservateurs tentent un coup d’État à la mi-août 1991. En réaction, le Soviet Suprême (Parlement) d’Ukraine proclame l’indépendance du pays le 24 août, confirmée par un référendum adopté à 92 % des voix le 1er décembre de la même année. Un coup fatal pour l’URSS, qui se dissout définitivement le 25 décembre.

La force du symbole pourrait-elle vraiment pousser Moscou à faire une démonstration de force ce mercredi ? Ce ne fut pas le cas 9 mai dernier, à l’occasion du « Jour de la Victoire » en Russie, célébrant la reddition de l’Allemagne nazie en 1945. De nombreuses voix mettaient en garde sur le risque d’une escalade militaire lors de ce jour férié fêté en grande pompe en Russie. Emmanuel Macron avait lui-même estimé que « pour le président Poutine, le 9 mai doit être un jour de victoire » en Ukraine. Une fausse alerte.

La direction de renseignement du ministère de la Défense ukrainien semble cette fois-ci persuadée d’une action russe, et pense en connaître la teneur. Dans un communiqué publié vendredi, elle affirme que « le jour de l’indépendance de l’Ukraine, les envahisseurs russes ont l’intention de tenir un simulacre de procès pour les défenseurs capturés d’Azovstal », qui avait défendu pendant trois mois la ville de Marioupol. La date du procès n’a pas été officiellement dévoilée par Moscou, bien que la fin de l’été ait déjà été évoquée.

Des tanks russes exposés à Kiev

« Les locaux de la Philharmonie de Marioupol sont rénovés urgemment, des cages en fer sont installées sur la scène. D’autres structures temporaires sont érigées », détaille le communiqué du renseignement ukrainien. Des images diffusées à la télévision russe montrent en effet des couloirs grillagés, des barres de fer au milieu d’une salle sombre éclairée artificiellement. Le ministère de la Défense ukrainien dénonce ce procès qui ressemble surtout à une opération de propagande à destination de la population russe.

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Plus inquiétant, « l’un des scénarios envisagés par les Russes consiste à mener une attaque de missile sur le bâtiment. Si un tel événement se produit, ils accuseront les Ukrainiens d’avoir commis ce crime, comme d’habitude », termine la direction du renseignement du ministère de la Défense.

Face aux risques, les autorités ont interdit les rassemblements du 22 au 25 août dans la capitale. Dans la région de Kharkiv, le couvre-feu débute dès 19 heures au lieu de 21 heures depuis lundi et les sorties sont interdites toute la journée de mercredi. Ce qui n’empêche pas Kiev de fêter son indépendance à sa manière : depuis le week-end dernier, des tanks russes capturés par les Ukrainiens sont exposés dans la grande avenue de la capitale. Les curieux sont au rendez-vous.

À voir également aussi sur le HuffPost : En Finlande, des touristes russes accueillis par l’hymne ukrainien

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