Guerre en Ukraine : qu’est-ce qui peut arrêter Vladimir Poutine ?

Le président russe Vladimir Poutine lors de son discours à la nation, à Moscou, le 23 février 2023.
Le président russe Vladimir Poutine lors de son discours à la nation, à Moscou, le 23 février 2023.

Un an après avoir lancé ses chars sur l’Ukraine, la Russie s’est enlisée dans un conflit qui pourrait encore durer plusieurs mois.

En lançant ses chars sur l’Ukraine, le 24 février 2022, Vladimir Poutine espérait que l’affaire serait vite pliée. "L’hypothèse la plus crédible est que la Russie partait sur une opération plutôt rapide et bien moins complexe, explique Isabelle Facon, directrice adjointe pour la fondation de la recherche stratégique (FRS). L’idée était d’établir à Kiev un gouvernement bien plus sympathique aux intérêts de Moscou. La stratégie reposait sur des frappes de missiles et aériennes importantes pour provoquer un effet de sidération. Poutine tablait sur une démission ou la neutralisation assez rapide de Zelensky."

Huit ans plus tôt, en 2014, l’annexion de la Crimée lui avait pris à peine plus d’un mois. En février 2022, "les forces russes n’étaient pas assez importantes pour prendre le contrôle des principales villes", souligne la spécialiste des politiques étrangère, de sécurité et de défense russes, malgré les quelques 150 000 hommes postés le longe de la frontière. Les Russes se sont heurtés à l’évolution de l’armée ukrainienne et à la résistance de la population, soutenue par l’Occident.

Une armée russe vite affaiblie

"Une bonne partie des troupes d'élite russes qui sont entrées sur le territoire le 24 février 2022 (aéroportées, infanterie de marine) ont été décimées, explique Isabelle Facon. Elles n’étaient pas préparées à un combat de haute intensité et de longue durée, pour lequel la logistique n’a pas pu suivre." Dans les premiers mois de la guerre, les Russes ont aussi perdu une part importante de leur parc d’artillerie, de leurs drones et de leurs missiles.

Pour compenser ces pertes, Vladimir Poutine a augmenté les effectifs sur le terrain. Quelque 300 000 citoyens russes âgés de moins de 65 ans ont ainsi été mobilisés en septembre dernier. Depuis cette date, le nombre de victimes russes a considérablement augmenté dans les rangs de cette armée, moins bien préparée au combat. Un communiqué du 17 février des services de renseignements britanniques compte "entre 175 000 et 200 000 pertes" russes, dont 40 000 à 60 000 morts.

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En parallèle, l'armée ukrainienne tient la distance grâce aux munitions, aux chars et autres équipements fournis par l'Occident. Le lance-roquette multiple HIMARS livré par les Américains a notamment permis de causer de gros dommage à l'armée russe, en frappant des stocks de munitions.

"Grignoter du terrain puis 'fortifier' durablement le front"

Dans son très son attendu discours à la nation, mardi 21 février, le président russe a préparé la population à une longue guerre. "Nous allons résoudre les tâches qui se posent à nous pas à pas, avec méthode", a-t-il déclaré, en ajoutant : "Il est impossible de battre la Russie sur le champ de bataille." Moscou "pourrait bien chercher à continuer à grignoter du terrain puis à 'fortifier' durablement le front, en misant sur une baisse d’intérêt des Occidentaux, avance la directrice adjointe pour la FRS. Ce serait conforme à ce qu’ils font depuis des années dans l’ex-URSS, en Moldavie, en Géorgie et puis dans les territoires du Donbass, Donetsk et Lougansk avant le début de la guerre. Les Russes sont plutôt à l’aise avec ce genre de situation entre deux eaux."

L’opération qui devait être éclair est finalement devenue une guerre d’attrition où le vainqueur sera probablement celui qui tiendra le plus longtemps."La question intéressante est de savoir ce que Poutine pourrait mettre en avant comme étant une victoire et quelle serait sa rhétorique pour s’en sortir sans fragiliser le régime", conclut Isabelle Facon.

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