Guerre en Ukraine: Macron estime qu'"à la fin, il faudra mettre tout le monde autour de la table"

À l'issue de son déplacement en Jordanie mercredi, où il était notamment question de la stabilisation de l'Irak, le président de la République Emmanuel Macron a décidé de dérouler dans trois médias - Le Monde, le Wall Street Journal et le quotidien libanais An-Nahar - ses positions sur le conflit ukrainien.

De cet entretien, l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan, jugée peu "vraisemblable", a été le passage le plus commenté. Mais cette nouvelle sortie à contre-courant des exigences de Kiev traduit une volonté plus large du président: celle de ne pas "humilier la Russie", comme il l'avait déclaré le 3 juin dernier, en apportant à Vladimir Poutine des "garanties de sécurité".

"J'ai toujours été clair pour dire que je ne pensais pas que ce conflit puisse finir uniquement militairement", a martelé Emmanuel Macron mercredi.

"J'ai conscience que cela contrarie beaucoup de gens qui sont dans le scénario de l'anéantissement", a poursuivi le chef de l'État.

"Défendre l'Ukraine"

Malgré les tensions que ses propos peuvent créer chez ses alliés les plus pro-Ukrainiens, le président français entend donc continuer dans la voie diplomatique, tout en reconnaissant que de véritables pourparlers ne pourront pas intervenir dans les prochaines semaines.

Actuellement, les Occidentaux sont "sur une stratégie de défense absolue de l'Ukraine, de victoire de l'Ukraine, qui se construira à la fin par un nouveau texte qui doit bâtir un nouvel ordre assurant la stabilité politique et sécuritaire de cette région et de l'Europe", a reconnu Emmanuel Macron.

"La priorité aujourd'hui, c'est de défendre l'Ukraine, ce que nous faisons, nous, depuis le premier jour", a-t-il assuré.

La crainte d'un monopole turc sur les négociations

Cet appel français à laisser ouverte la porte des négociations sert le propre agenda géopolitique d'Emmanuel Macron. Depuis le déclenchement du conflit en juin dernier, la Turquie s'est mobilisée pour organiser des discussions entre Kiev et Moscou.

Dès mars, des pourparlers russo-ukrainiens - au succès plus que relatif - se sont tenus dans la cité balnéaire turque d'Antalya. Et le président Recep Tayyip Erdoğan est souvent présenté comme un des seuls dirigeants à encore être écouté par Vladimir Poutine.

"Que tous les Européens et les Occidentaux qui me donnent des leçons de morale m’expliquent avec qui ils se mettront autour de la table. Moi, je n’ai pas envie que ce soient les Chinois et les Turcs seuls qui négocient le jour d’après", a lancé mercredi le chef de l'État.

Une vision pour tout l'espace post-soviétique

La volonté de l'Élysée de maintenir la possibilité de discuter avec la Russie s'inscrit dans une vision plus large que le simple conflit en Ukraine. Emmanuel Macron a un projet pour l'ensemble de l'espace post-soviétique, et l'a fait savoir lors de son entretien de mercredi.

"Il faut penser une architecture de sécurité et de stabilité qui garantit avant toute chose la sécurité et la stabilité de l’Ukraine mais aussi celles de la Moldavie, celles de l’Arménie, celles de l’Azerbaïdjan, de la Géorgie. Et la question sera aussi posée demain : celles de la Biélorussie", a-t-il déclaré.

Article original publié sur BFMTV.com