Guerre en Ukraine: les généraux russes tentés par l'emploi d'armes nucléaires tactiques?

Guerre en Ukraine: les généraux russes tentés par l'emploi d'armes nucléaires tactiques?

Énième coup de bluff russe où menace à prendre très au sérieux? Ce mercredi, le média américain New York Times avance, en se basant sur les propos de hauts responsables du renseignement américain, que des chefs militaires russes se sont récemment entretenus afin de discuter de l'emploi ou non d'armes nucléaires tactiques en Ukraine, où leurs troupes subissent de nombreux revers depuis plusieurs semaines.

Selon cette même source, le président russe Vladimir Poutine, a qui revient pourtant la décision finale quant à l'emploi de ces armes, n'a pas participé à ces conversations qui sont remontées à la mi-octobre jusqu'au renseignement américain.

Frustration

Selon le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de BFMTV, la tenue même de cette discussion illustre la frustration qui gagne les autorités militaires russes et leur difficulté à retourner une situation qui leur échappe peu à peu sur le terrain.

"Il est donc fort vraisemblable que les généraux russes, qui sont confrontés sur le terrain à leur incapacité à trouver des solutions tactiques, réfléchissent à d’autres modes d’action, dont celui de l’utilisation d’armes nucléaires tactiques. Cela fait partie du catalogue en quelques sortes, on cherche ce qu’on peut faire alors qu’on n’y arrive pas", explique-t-il.

Pour autant, la question de l'utilisation du nucléaire tactique par Moscou revient sur la table. Toujours selon le New York Times, à date, les responsables américains ne disposent d'aucune preuve concernant l'utilisation de ces armes par les Russes, voire même qu'ils se préparent à leur emploi.

"Les services de renseignements occidentaux observent de très près tout ce qui touche au nucléaire militaire et on n’a pas vu de manipulation de têtes nucléaires ou de manœuvres laissant penser qu’un emploi est possible. Il faut être vigilant et poursuivre de travail de renseignement", abonde le général Pellistrandi.

Poutine seul décisionnaire

Au final, Vladimir Poutine a le dernier mot dans la décision de l'utilisation de ces missiles. Or, ces dernières semaines, plusieurs proches du dirigeant russe ont tenté de rassurer, assurant qu'il était hors de question d'employer le nucléaire dans le cadre de ce conflit.

"Mais ce qui est inquiétant, c’est le simple fait d’y réfléchir, d’y consacrer du temps, de la planification, cela traduit que dans leur esprit c’est une option qui est envisageable. Maintenant, il y a une différence entre l’option envisagée par des chefs militaires sur le terrain et la décision qui sera prise par Vladimir Poutine, là, on passe un cap différent", tempère le Jérôme Pellistrandi.

Pour rappel, les renseignements américains estiment que Moscou possède un stock d'environ 2000 armes nucléaires tactiques conçues pour être utilisées sur les champs de bataille. Ces missiles, qui ont des capacités de plusieurs kilotonnes, peuvent détruire une division armée ennemi, un aérodrome ou une ville. Elles sont différentes des armes stratégiques qui sont de la dissuasion.

Ces armes font des dégâts considérables. En plus de détruire, elles irradient les zones touchées qui deviennent par conséquent inhabitables. Leur utilisation serait une première dans l'histoire de l'humanité et ferait peser un lourd risque politique à la Russie.

Article original publié sur BFMTV.com