Guerre en Ukraine : François Hollande piégé par Vovan et Lexus, deux humoristes russes

François Hollande, ici en janvier 2023, s’est fait piéger par deux homoristes russes par téléphone.
François Hollande, ici en janvier 2023, s’est fait piéger par deux homoristes russes par téléphone.

L’ex-président français a parlé pendant plusieurs minutes à un faux Petro Porochenko, ex-président ukrainien, sans s’en rendre compte.

INTERNATIONAL - Après Elton John, Recep Tayyip Erdoğan ou encore le Prince Harry, c’est au tour de François Hollande. L’ancien président français a été piégé par le duo d’humoristes russes Vovan et Lexus, qui se sont fait passer pour Petro Porochenko, ex-dirigeant ukrainien, lors d’un appel très politique.

L’échange complet, focalisé sur la guerre en Ukraine, a été publié sur Dailymotion comme l’a repéré CheckNews. Lors de cette conversation le faux Petro Porochenko - les humoristes semblent avoir utilisé la technique du deepfake - insiste particulièrement sur les accords de paix de Minsk négociés entre la France, l’Allemagne, l’Ukraine, la Russie ainsi que les républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk. Signés en 2014, ils ont rapidement échoué.

« Je pense que tu es d’accord avec moi pour dire que quand nous avons signé les accords de Minsk, nous savions que la guerre était inévitable, mais tu savais qu’il fallait toutes ces années pour nous préparer, renforcer les effectifs pour être prêts à la mener. Les accords de Minsk nous ont donné un peu de temps pour nous armer. Angela (Merkel, ancienne chancelière allemande) en a récemment parlé », déclare ainsi l’interlocuteur de François Hollande.

Une manière peu subtile de faire admettre à ce dernier que les accords de Minsk ne servaient qu’à une chose : donner du temps à l’Ukraine (et à l’Otan) pour se préparer militairement et lancer une guerre contre la Russie.

Même Elon Musk s’interroge

Réponse de l’ancien président français : « (Angela Merkel) a eu raison de le dire, car il y avait l’idée que c’était Poutine qui avait voulu gagner du temps, mais c’est nous (l’Allemagne et la France) qui voulions gagner du temps pour permettre à l’Ukraine de se rétablir, de renforcer ses moyens militaires. »

Cette déclaration n’a pas manqué d’atterrir dans les boucles pro-russes qui ont vite interprété ce « nous » comme étant l’Otan, et raccourci les propos du chef de l’État pour faire croire que l’Ukraine voulait mener une guerre. « Ils préparent sciemment la guerre mondiale depuis des années et l’avouent ! », a notamment réagi Florian Philippot, président du parti Les Patriotes et connu pour partager des théories complotistes.

« Est-ce que c’est vrai ? », a même demandé le patron de Twitter Elon Musk, en réponse au compte kanekoa.substack.com. Ce dernier avait relayé un passage tronqué de la conversation et écrit que François Hollande était dans cet extrait en train d’avouer que « les accords de Minsk étaient une ruse de l’Otan pour militariser l’Ukraine ».

« Une manipulation »

Ce tweet a énormément circulé : 4 000 personnes l’ont partagé et près de 40 000 l’ont « aimé ». Face à ce bad buzz, l’ex-chef de l’État a répondu aux questions de CheckNews afin de mettre les points sur les « i ». « Je ne savais pas du tout que c’était une manipulation. (...) « C’était très très bien fait, il arrivait à imiter parfaitement Porochenko pendant l’appel en visio (...) On n’avait pas de raison de se douter de quoi que ce soit », assure-t-il.

« Dans aucun de mes propos, parce que c’est sur ça qu’ils essayent de mettre l’accent, je n’ai laissé penser que nous aurions signé les accords de Minsk pour permettre aux Ukrainiens de préparer la guerre. Il s’agissait [pour le pays] de retrouver une stabilité, un équilibre et de renforcer leurs moyens militaires s’ils étaient attaqués », affirme le président.

« Ce qui compte, ce sont les propos que j’ai tenus, et c’est ceux que je tiens [publiquement] dans toutes les interviews, sur les accords de Minsk et sur la responsabilité russe », poursuit-il. François Hollande a en effet déjà tenu ces propos, notamment lors d’un entretien au journal ukrainien Kyiv Independent en décembre dernier. Ses détracteurs ne semblent pas vouloir s’embarrasser de la nuance.

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